L'histoire :
Gargamel pense avoir trouvé une idée géniale : il va inventer une potion qui accordera la parole à son corbeau. Ainsi cet aimable volatile pourra-t-il repérer le village des schtroumpfs en survolant la forêt et lui expliquer de vive voix son emplacement exact. Quelques manipulations chimiques et une explosion plus tard, le corbeau cause effectivement… contre toute attente ! Car Gargamel pensait avoir raté son expérience. Cependant, le corbeau n’entend pas être asservi par ce méprisant sorcier. Sitôt Gargamel lui a-t-il accordé sa liberté, qu’il s’envole sans aucune intention de revenir… et il l’avoue clairement à Gargamel. Pendant ce temps, au village des filles, la cheftaine Saule annonce qu’elle s’absente quelques semaines car son ami le Grand Schtroumpf l’a conviée à la Grande Réunion des Magiciens qui se déroule tous les 150 ans. Elle confie la bonne gestion du village à la responsabilité commune, en réclamant que les grandes décisions soient prises en conseil, à la majorité. Evidemment, sitôt partie, un problème se pose : des courges ont disparu. Il ne peut s’agir que d’un coup des grondins ! Le conseil se réunit pour décider quoi faire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Féminiser les Schtroumpfs semble procéder d’une inspiration quelque peu marketing… Mais après tout, l’air du temps plaide en faveur de la compensation pour cette série créée dans la société patriarcale d’avant mai 68 et penchant nettement du côté des garçons (une seule Schtroumpfette pour une centaine de Schtroumpfs). Le lectorat féminin finira-t-il par être séduit par ces aventures qui, en prime de mettre en scène un village de filles, déclinent un échéancier de couleurs plus printanières (verts pomme, pourpres et teintes violacées…) ? Il faut laisser le temps au concept de « s’installer », comme on dit. En attendant, dans le fond, ce troisième épisode recycle tout de même des schémas narratifs classiquement éprouvés au sein des épisodes des garçons. Sous l’impulsion de Gargamel, un élément étranger divise le village des filles – ici un corbeau pervers, qui cause – et la zizanie s’installe jusqu’à un point de rupture et de prise conscience. Ouf, les filles finissent par retourner aussi facilement à la vertu que les garçons – l’inverse eut été un casus belli ! Si l’originalité manque, les jeunes lecteurs et lectrices (oui, ça reste foncièrement mixte…) prendront tout de même du plaisir à lire cet opus, car un grand soin est porté au ton bon-enfant, au sens moral et au dessin, comme tout ce qui sort des studios Peyo.