L'histoire :
Rien ne va plus à Châtigneux. A l’école Robin Thibaud, les élèves sont en plein cours d’histoire, quand Maeva ne peut s’empêcher de se gratter. Comme lors une épidémie, d’autres élèves se grattent alors frénétiquement. Dans le même temps, dans une rue de Châtigneux, un déménageur porte un carton très fragile. Cependant, il est pris d’une violente crise où il doit absolument se gratter. Le colis tombe et le contenu se brise en mille morceaux. Au même moment, le facteur se dirige à vélo près de la place du Marché. Tout d’un coup, il perd les pédales et se gratte tout le corps. Ne regardant plus la route, il finit par tomber sur un étalage de fromages ! Pendant ce temps, un ouvrier est pris lui aussi du même symptôme et doit s’arrêter de travailler pour se gratter. Il lâche alors son marteau piqueur et c’est l’accident. La petite handicapée moteur Lulu sort de l’école et comprend qu’il se passe quelque chose d’étrange. D'autant qu’en avançant, grâce à son fidèle fauteuil-robot Fred, elle assiste à un spectacle des plus étonnants : le maire devient comme fou et bondit sur la Rolls Royce du beau et riche Pierre-Jacques. Le maire pousse alors des cris de singe et se ridiculise en public. Lulu est très intriguée et tente de comprendre ce qui se passe à Châtigneux. Pourquoi les habitants deviennent subitement fous ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La jeune handicapée, détective en herbe (et en fauteuil), est de retour ! L'aventure policière à laquelle elle se confronte joue sur des ficelles classiques avec un rythme bien huilé : des événements farfelus au départ, puis une enquête de l’ombre, pour finir sur une révélation et un combat spectaculaire. Le genre n’est pas sans rappeler les aventures de Spirou et Fantasio où Champignac devient ici Châtigneux. On pourra même reconnaître le fameux Radar le Robot à travers le robot ménager Aspiro. D'ailleurs, les aventures de Lulu sont presque aussi prenantes que celles imaginées par Franquin. L’humour et les actions forment un cocktail explosif. Les dialogues sont percutants et les jeux de mots souvent très drôles. Nicolas Robin et Jean-Jacques Thibaud n’hésitent pas non plus à rire sur le handicap de leur héroïne. En effet, la jeune Lulu est pétillante de joie de vivre et se moque elle-même de son infirmité : belle façon de dédramatiser le handicap. L’intrigue policière est certes simple, mais très efficace. Le lecteur sera happé par cette enquête étonnante et subtile, et devra lui-même trouver le coupable, qui sera démasqué à la fin, comme dans les grands romans policiers. La série s’adresse clairement aux jeunes, à l’image de l’héroïne Lulu. Le propos est moderne et d’actualité avec un langage de djeunz (« ouf », «en lousedé »). Les auteurs multiplient les références au quotidien des jeunes d'aujourd'hui : Lulu surfe sur internet, appelle son père en numéro masqué ou a des posters de Moi, Moche et Méchant dans sa chambre. Le graphisme est lui aussi des plus modernes avec des couleurs vives et un trait qui rappelle les mangas. Le trait de Cécile est un bon mélange de dynamisme et de tendresse envers ses personnages. La série s’adresse donc à un public d’enfants et d'adolescents, mais il ne verse pas pour autant dans la facilité : l’histoire est de qualité avec des dialogues intelligents et pétillants. Le fauteuil Fred, étonnant robot aux pouvoirs multiples, n’est pas non plus étranger au succès de l’opus. Cette aventure rafraîchissante – et bien plus sérieuse qu’il n’y paraît – passe presque trop vite !
