L'histoire :
Bacardi-Coca est une jeune femme qui se languit dans son magasin de prêt-à-porter. Elle conseille gentiment, mais sans passion, ses clientes. Le soir, elle se précipite dans les soirées branchées avec ses amies. La vie passe sans surprise pour Bacardi-Coca, jusqu’au jour où elle croise Frydman. Ce vieil homme, producteur de cinéma, voit en elle la réincarnation de Louise Brooks, une jeune actrice disparue dans la fleur de l’âge. Frydman demande alors à Bacardi d’abandonner son identité au profit d’une copie conforme à Louise. Bacardi se prête sans condition et avec complaisance aux exigences délirantes du vieil admirateur de Louise, jusqu’au dépérissement de son corps et de son âme.
Glynis Ruby arrive à Madila. Cette belle jeune femme est chanteuse et ressemble étrangement à Elisabeth Erikson, la défunte enfant d’un milliardaire. Le vieil homme ne s’est jamais vraiment remis de la perte de sa fille et ne peut imaginer que sa nouvelle femme en était jalouse, au point d’assassiner cette dernière en mer, lors d’une séance de ski nautique. Vrai retour de l’enfant tant aimé ou cruelle mystification ? Ruby prend peu à peu la place de la jeune Elisabeth, malgré les efforts incessants de sa belle-mère pour s’en débarrasser une nouvelle fois. Les deux femmes se livrent alors une bataille sans merci. Il en va de leur survie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette intégrale reprend de manière exhaustive les quatre albums de la série de Chantal de Spiegeleer, avec 10 pages d’interview de l’auteur. Chantal de Spiegeleer y dévoile plus en détail ce monde surfait, à l’esthétique léché. Des femmes en quête d’identité, un monde cruel et sophistiqué, façonnent l’univers de Madila. Car contrairement à la majorité des séries, qui portent en titre le nom du héros ou de l’héroïne, Madila est le nom d’une ville imaginaire, qui fait étrangement penser à Cannes au moment du festival. Tout le monde a revêtu ses habits à paillettes pour mieux s’y cacher et chacun joue un rôle très étudié, sans spontanéité. Les héros de Madila s’enferment et s’emprisonnent ainsi dans des peaux trop courtes pour eux, qui les mènent à leur perte. L’auteur nous livre le reflet d’une société où Narcisse est tout puissant et où les vérités se déforment et se disloquent petit à petit. Le propos de Chantal de Spiegeleer est parfaitement servi par son dessin très féminin. Elle utilise, parfois très grossièrement, les jeux de contraste, les gros plans sur les détails, et fait se promener les tissus de pages en pages. Il y a toutefois une immense créativité dans le travail de l’auteur, mais ce style graphique original et très particulier finit par être lourd au bout des 254 planches. Madila est sans conteste un univers féminin, qui touchera essentiellement les lectrices. A découvrir avec curiosité à petite dose, pour éviter l’overdose…