L'histoire :
Le traumatisme de la sédition Nika de l'an 532 est encore dans toutes les mémoires, à Constantinople. Le rôle stratégique de l'impératrice Théodora, qui a délibérément provoqué le massacre et rétabli l'ordre, lui a donné une puissance sans égale. L'empereur Justinien veut redonner vie à sa capitale en partie détruite, et se lance dans des projets de construction très ambitieux. Pendant ce temps, les taxes que l'empire doit prélever à Carthage ne rentrent plus. Le roi Gélimer y a pris le pouvoir, et les espions de Justinien semblent confirmer la volonté d'indépendance du nouveau souverain. Une expédition guerrière se prépare alors en fanfare, malgré l'état délicat des finances en période de reconstruction. Mais alors que Bélissaire est mandaté par Justinien pour rassembler des troupes, Théodora organise elle aussi une expédition armée vers les provinces de l'empire. Elle veut laver son honneur des rumeurs qui la soupçonnent d'avoir monté de toutes pièces la grande bataille qui a opposé les bleus et les verts, à la suite d'une course truquée, qui l'a vue sauver l'empereur de la destitution. Pour cela, elle veut être accompagnée de Maxence, qui devra quitter, pour un temps, sa femme Anastasie, la propre sœur de l'impératrice. Le jeune dresseur de fauves se rappelle alors sa petite enfance, lorsque son père adoptif a repris la charge de la famille de Leontia. Et que tout gamin, il fit la connaissance de celle qui allait devenir son épouse, et de sa sœur aînée, la future impératrice...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième tome de la série de Romain Sardou confirme à la fois son ambition romanesque et la qualité de son travail de scénariste. L'incursion du romancier dans le monde de la BD se fait avec de grands moyens, sous la plume impressionnante de Carlos Rafael Duarte. Le dessinateur brésilien déploie sa puissance graphique pour la première fois hors du circuit des comics, et ne ménage ni ses efforts si ses effets de mise en scène. Ses pages fourmillent parfois d'un niveau de détail presque déraisonnable, mais qui donne une vraie force à l'univers semi imaginaire de Constantinople au VIème siècle. La double page qu'il consacre à Théodora dans les rêves d'un homme est par ailleurs très belle et évocatrice, même si le réalisme de ses personnages n'atteint pas celui du regretté Philippe Delaby dans Murena. Mais c'est visiblement dans cette cour des grands que veut chasser cette saga, qui progresse avec à la fois la lenteur de grands mouvements historiques, la brutalité des batailles et des règlements de compte, et l'incroyable machiavélisme des enjeux de pouvoir. Les incertitudes du premier volume sont levées avec la dimension épique de ce péplum qui avance. Un récit très habilement centré sur la fascination exercée par une femme très belle et très puissante sur les hommes qu'elle rencontre.