L'histoire :
Alors qu'elle révise assidûment ses textes pour le concours d'entrée d'une école de théâtre, Clémence est interrompue par un SMS de sa maman, lui indiquant que sa grand-mère a une nouvelle fois fugué de la maison de retraite pour tenter de regagner la maison de son enfance. Sans réfléchir, Clémence va rejoindre sa famille qui est en pleine discussion avec une soignante de la maison de retraite. Celle-ci les met en garde : c'est la troisième fugue que fait la vieille femme. Une quatrième n'est pas envisageable. Deux solutions leur sont alors proposées : la retirer de la maison de retraite pour la reprendre à domicile et s'en occuper en permanence... ou la mettre sous calmants, afin que sa maladie d'Alzheimer ne lui joue plus de tours et ne la pousse pas à fuguer une nouvelle fois. La maman de Clémence prend une dure décision : elle place sa propre mère sous une « camisole chimique ». Mais Clémence n'approuve pas les choix familiaux, et ne peut se résoudre à abandonner sa grand-mère dans cette situation. Alors elle va aller la retrouver et la kidnapper ! Elle tentera d'effectuer un long voyage vers la maison de ses arrières grands-parents, en espérant faire retrouver la mémoire à sa mamy...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque Clémence voit sa grand-mère dépérir, elle décide de l'embarquer dans une folle aventure, pour lui offrir la vie qu'elle mérite, tenter d'atténuer sa maladie d'Alzheimer et garder encore un lien avec cette femme qu'elle aime tant et qui commence à l'oublier... Pour sa première bande dessinée, Alix Garin, jeune diplômée d'une école de BD, nous livre une histoire touchante et sincère sur les liens familiaux intergénérationnels et sur la gestion de la maladie d'Alzheimer par l'entourage des malades. Lauréate du prix Jeunes Talents du festival Quai des Bulles en 2017, elle nous propose une narration soignée sous forme d'enquête policière, alternant le témoignage que Clémence livre aux policiers, aux souvenirs de cette escapade avec sa grand-mère et de son passé. Les dessins, sans fioritures, laissent toute la place aux émotions des personnages. L'identification est aisée, que l'on ait ou non connu quelqu'un atteint de la maladie d'Alzheimer, puisque l'autrice relate un certain nombre de problématiques ou d'évocations qui feront écho à notre expérience personnelle. Pourtant à travers plein de touches d'humour dues à des situations cocasses, cet album nous fait tout de même monter la larme à l'œil, en abordant des sujets durs, tristes. On sent la détresse de la grand-mère qui, dans des moments de lucidité va prendre conscience de sa maladie, de sa capacité à oublier les événements qui ont façonnés sa vie. Mais on sent aussi l'angoisse de la jeune Clémence, qui veut tout mettre en œuvre pour se redonner espoir, pour vivre des bons moments malgré toutes les difficultés. Ce qui la poussera à faire des choses parfois à la limite de la légalité pour sauver des instants de bonheur avec sa grand-mère... cette première bande dessinée réussie aborde des sujets sensibles avec justesse, mais dont on aurait peut-être aimé un peu plus de développement sur certains points.
