L'histoire :
La petite Azami est devenue une jeune femme, lieutenant dans la police new yorkaise. Sa passion pour le culturisme lui a donné un gabarit et une force physique hors du commun. Pourtant, sa vie va changer dans une rue sombre de la capitale. Alors qu'un gynécologue lui a expliqué qu'elle ne pourrait probablement jamais avoir d'enfant, elle découvre un bébé abandonné dans une poubelle en poursuivant des voleurs qui viennent de piquer la caisse d'une commerçante. Sans réfléchir, elle décide de le recueillir, et en parle à son vieil ami Paul, le tatoueur. Il voit bien que ce nourrisson est comme un miracle pour sa protégée. Ils s'organisent alors pour s'occuper du petit Paul ! Mais quelques jours plus tard, il reçoit la visite de Nadya, qu'il croyait morte au goulag plusieurs décennies plus tôt. Elle est presque aussi belle que dans son souvenir. Le temps ne semble pas avoir agi sur elle, elle est devenue agent d'un service secret américain. Nadya va proposer à Paul de mettre ses talents de graphiste au service de la fabrication de faux billets, pour une mission très confidentielle. Elle lui conseille vivement, sur un ton à demi menaçant, de ne pas refuser cette offre. Et lui apprend qu'Anna la hyène, ancienne figure mafieuse des camps de la Kolyma, vit désormais elle aussi à New-York.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec le deuxième épisode de cette nouvelle collaboration Charyn-Boucq, on plonge dans une ambiance de polar noir pur jus, malaxée à la sauce Boucq, c'est à dire bourré de personnages aux gueules très marquantes. Aucun physique n'est ordinaire dans cet album, à commencer par l'étonnante héroïne culturiste, ou son ami cul-de jatte prénommé Albatros ! Le dessinateur laisse libre cours à son talent de mise en scène, démontre une nouvelle fois la force de sa narration et sa maîtrise des ambiances, avec quelques cases qui pourraient servir à des armées d'étudiants. Voyez en page 67, comment la démarche des personnages illustre la rue qui monte. Et ici en page 127 comment on fait une ambiance nocturne dans un quartier désaffecté ! C'est un plaisir de lire Boucq dans une vraie pure intrigue, moins mystique que ses collaborations avec Jodorowski... bref plus grand public ! Accompagné, qui plus est, d'une équipe de coloristes de talent qui multiplient les ambiances de couleur avec brio. Il y a une forme de naturel dans le travail de cet auteur qui prend de toute évidence une part majeure dans l'adaptation du récit de son compère scénariste-écrivain américain. Il déploie sa virtuosité technique avec une facilité déconcertante, tout en maintenant une exigence absolue et une fidélité totale à sa patte graphique. Après plusieurs décennies de carrière, cette série pourrait finalement être un des meilleurs points d'entrée dans l'univers de François Boucq.