L'histoire :
Otto Krall n’a pas d’autre alternative : la pilule ou le pistolet… Dans un Berlin en ruine, ce haut dignitaire de l’ahnenherbe, un service d’élite du régime nazi spécialisé dans l’utilisation des pouvoirs psychiques, sait qu’il a perdu la partie. Il était pourtant tout proche de renforcer la suprématie du Reich en mettant la main sur des secrets anciens de magie noire, de sciences occultes ou d’astrologie. Mais il n’a pas réussi à mettre la main sur le 6e livre, un recueil aux pouvoirs puissants et n’a donc pu éviter le cuisant déclin. Le commandant Von Hassel lui offre une porte de sortie : plutôt que la mort, il le condamne à avaler une petite gélule qui doit le propulser dans le futur. Il a alors pour mission de faire renaitre le nazisme de ses cendres, en retrouvant, grâce à un énigmatique « général », le livre tant convoité… A l’instant même où Krall fait ses premiers pas dans le XXIe siècle, Niklos Koda s’impatiente sur les rives du Mügelsee. Il embarque bientôt sur un hors-bord pour retrouver Yabboutz, un mafieux, avec lequel il a conclu un marché : en échange d’une grosse liasse de billets, l’énormissime « homme d’affaires » libère la belle Valentina. Mais n’est pas honnête qui veut… et puisqu’un certain personnage qui se fait appeler « le général » a doublé la mise pour qu’il garde le dame à sa disposition, il refuse de remplir sa part du contrat. C’est une erreur monumentale, car Koda a plus d’un sort au bout des doigts : d’agresseur, on devient rapidement agressé et vice versa…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après s’être attribué une petite bouffée d’oxygène avec le sublime La Femme accident (Dupuis / Aire Libre), Olivier Grenson reprend la palette pour son héros à barbichette, qu’il met déjà en cases ici pour la 10e fois. Incontestablement, cette « respiration » a permis à l’artiste d’enrichir sa gamme et de donner à son dessin une incroyable sensibilité. Olivier Grenson ose cadrages, couleurs et ombrés et ça fonctionne à 200%. Mais quid d’un superbe dessin sans solide scénario ? L’astucieux et prolifique scénariste Jean Dufaux compose donc un récit tout à fait intéressant, mais qui pourrait laisser sur sa faim le lecteur qui pensait suivre une véritable fin de cycle (comme le prétend le sticker apposé sur la couverture). On assiste plutôt ici à un bel exercice de style, qu’on pourrait nommer une « conclutroduction » : les éléments qui raccrochent aux opus précédents (les retrouvailles familiales, le destin d’Aïcha Ferrouz, le club Osiris, le 6e livre, Hali Mirvic…) et qui pourraient permettre de clore une piste, sont immédiatement ré-exploités sous un nouvel angle. De nouvelles perspectives s’ouvrent alors, qu’on imagine être prochainement développées… Quel rôle fera jouer Jean Dufaux à la petite Seleni ? Assistera-t-on à d’autres voyages dans le temps ? Le 6e livre, le club Osiris ? Et Niklos Koda dans tout ça ? Plutôt que de fermer, le scénariste à tout ouvert, se laissant une mine de pépites à exploiter. Avec un si beau potentiel, il faut s’attendre à ce que le « prochain cycle » démarre sur les chapeaux de roues, sans nous laisser la moindre seconde d’adaptation. Patience donc…