L'histoire :
L'Arche est construite. Il ne reste que quelques jours avant le grand départ, quand l'attaque des troupes d'Akkad est déclenchée. Noé peut compter sur Og et le peuple des géants rallié à sa cause pour protéger tous les animaux qu'il a fait embarquer sur son gigantesque vaisseau de bois. La bataille fait rage, d'innombrables morts gisent sur le sol, lorsque finalement le bateau des derniers survivants prend le large. Noé se trouve alors face aux conséquences des décisions qu'il a prises. Limiter les membres de l'espèce humaine à quelques personnes seulement. Sa compagne et lui-même, ses enfants, dont un seul est en couple, avec une femme qui ne pourra pas avoir d'enfants. L'extinction de l'espèce humaine est programmée, les animaux et la Terre qui survivront après le déluge pourront connaître une ère de paix, sans avoir à subir les ravages causés par les hommes. Mais son petit noyau familial peine à comprendre le grand dessein de Noé. Chacun se demande si tous ces morts servent effectivement une noble cause. Chacun porte en lui l'envie de vivre. Et sur les vagues, au milieu de l'océan, le dilemme va prendre forme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce troisième tome, la montée en puissance des enjeux portés par Noé est rendue avec une grande densité, palpable dans les situations, comme dans les regards et les décisions que prend l'homme solitaire. Cet épisode se déroule sur un temps relativement court, qui décrit le départ de l'arche et ses premiers mois de navigation. Le réel sens de cette histoire centrée autour d'un personnage illuminé par une parole divine est très bien porté par la progression de l'intrigue, dont les enchaînements sont parfaitement adaptés à la dynamique BD. Attention, il ne s'agit pas d'une adaptation du film de Darren Aronofsky, mais réellement d'une variante illustrée, par un duo de scénaristes qui connaissent et aiment le media pour ce qu'il est. Dès lors, la mise en scène de Niko Henrichon fait son effet, extrêmement visuelle et peu portée sur des dialogues, tournée vers le grand spectacle. Elle met très bien en valeur l'extraordinaire solitude de son héros. Le dessinateur qui avait fait des prodiges sur Pride of Bagdad et son groupe de lions au milieu de la guerre d'Irak, est pourtant moins à l'aise sur l'anatomie humaine. Il propose souvent des poses un peu raides, comme les cheveux de la plupart de ses personnages. Son travail semble traduire un choix graphique dicté par la nécessité de produire les quatre tomes de son histoire, souffrant d'une certaine irrégularité dans les finitions. Et les eaux envahirent la terre est néanmoins un bel album, dense et prenant, qui donne une envie furieuse de connaitre le dénouement de cette sorte de fiction religieuse habitée. Ce qui tombe très bien, puisqu'à la veille de la sortie du film, les deux derniers tomes sont publiés en même temps, ainsi qu'une intégrale de format plus compact.