L'histoire :
En ces temps anciens ou futuristes, l'humanité n'est que violence et affliction. En raison de guerres totales particulièrement destructrices, la Terre est un champs de ruines. Dans un désert rocailleux où perdure une longue sécheresse, Noé survit avec sa femme Naameth et ses 3 enfants, Sem, Cham et Japhet. De temps en temps, il rétablit un semblant de justice, en empêchant des groupes de barbares de chasser des bêtes cornues uniquement pour leur ivoire... mais au fond, il sait que la lutte est vaine. Il a toutefois de curieuses visions d'une pluie diluvienne, qui recouvrirait tout le désert... Il s'interroge et déduit que le créateur a décidé de détruire le monde, devenu bien trop cruel. Mu par une ultime démarche de bonté, il décide d'aller prévenir les hommes, en la cité de Bab-Ilim, en compagnie de son fils Sem. Cette cité a l'aspect d'une tour qui s'élève haut dans le ciel et elle est dirigée par le despotique Akkad. Dès son arrivée, Noé enfile son habit de mage, afin que les guerrier alentours le respectent un minimum : il est tout de même le petit-fils de Mathusalem, descendant d'Adam, « le Père ». Mais une fois devant lui, Akkad le méprise, se moque de ses visions, le jette aux ordures et part sur le champs rendre une petite visite à sa famille, sous forme d'un raid destructeur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Noé là n'est pas exactement une adaptation à la sauce science-fiction du célèbre épisode biblique. Il s'agit plutôt d'un récit d'anticipation post-apocalyptique qui s'en inspire, en piochant volontiers dans le registre déshumanisé de Mad Max. Vous conviendrez du grand écart entre ces deux références... Néanmoins, les scénaristes américains Darren Aronofsky (le réalisateur de Black swan, Requiem for a dream... !) et Ari Handel trouvent un ton juste, un univers cohérent et riche en symbolique. Évidemment, l'harmonie et la puissance narrative de ce premier tome doivent aussi beaucoup au savoir-faire de Niko Henrichon (Hostile). Ce dessinateur canadien a un parcours impressionnant et un talent indéniable : il a étudié l'art séquentiel en Belgique, travaillé pour le marché comics américain et vit en France. Henrichon a habilement interprété l'écriture d'un scénario non conventionnel, car imaginé par deux scénaristes peu rompus aux « codes » de la BD, européenne en outre. Dans un style réaliste dynamique dans la lignée du visuel de couverture, Henrichon met en scène un héros charismatique et sa famille, au sein de décors dantesques, alliant des paysages dépouillés à des « bastions » high-tech rongés par la décrépitude ambiante. La dimension fantastique, mythologique et initiatique est toutefois plus prégnante que la technologie (les colosses à 6 bras !). Alerté par des visions oniriques, Noé se prépare bien à construire son arche pour sauver des « échantillons » de la création du déluge annoncé. On sera ravi de découvrir cette quête épique au cours des 3 autres tomes prévus, car cette mise en bouche est très convaincante !