L'histoire :
A New York, lors d'un dîner entre collègues journalistes dans un luxueux appartement, Julian n'est pas tout à fait à sa place. Alors que les conversations glissent sur les incroyables événements qui marquent l'actualité internationale, son attention est obnubilée par le double langage de ses convives. Doué de la faculté de lire dans les pensées de tous ceux dont il ressent le souffle, il ne peut faire abstraction de ce qu'il perçoit, et attend avec impatience le départ des invités. Sa petite amie ne le devinera jamais, d'autant que Julian va la laisser, sans un mot, dès le lendemain matin. Convoqué par un groupe d'hommes de pouvoir influents, il va se voir confier une mission hautement sensible. Il doit s'approcher des hommes politiques qui sont à l'origine des récents accords de paix qui se multiplient à travers le globe, entre l'Inde et le Pakistan, ou en Afghanistan. Le président Harmond est par ailleurs déjà à l'œuvre avec son homologue iranien pour ce qui pourrait être un nouveau pas dans la diplomatie américaine. Mais quelles sont les conséquences, sur les puissants de ce monde, de ce vent de paix qui semble souffler sur les anciens ennemis ? Que sont devenus les anciens soldats qui, comme Julian, ont vécu l'expérience qui a fait d'eux des pensanguins ? Le sénateur Pershing est-il prêt à tout pour redonner aux vendeurs d'armes les moyens de poursuivre leur business ? Dans un monde aux enjeux bouleversés, les frontières entre le bien et le mal semblent plus que jamais incertaines...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autour d'une expérience militaire aux conséquences incroyables, qui a donné à ses victimes le pouvoir de lire les pensées de ceux qu'ils approchent, Sylvain Cordurié a concocté une intrigue emberlificotée à souhait. Alors que le pitch initial semble nous conduire vers un affrontement banal entre tenants de la paix et défenseurs d'un ordre établi propice aux marchands de canons, très vite la situation se complique. Les forces en présence se multiplient, brouillant soigneusement les cartes pour rendre le lecteur physiquement dépendant de l'explication finale. Cette dernière arrivera à temps, en particulier dans cette intégrale qui réunit les trois tomes de la série, offrant la possibilité d'une lecture ininterrompue. Cela dit, il va falloir s'accrocher au fil de ces 140 pages pour distinguer les personnages, les tics graphiques du dessinateur Zivorad Radivojevic donnant à peu près la même tête à tous ses hommes, fort heureusement alternativement bruns, blonds ou noirs de peau. Une forme de limite technique qui représente un vrai handicap lorsqu'elle est au service d'un scénario qui multiplie les fausses pistes et introduit de nombreuses surprises en cours de route. On se prend à regretter de n'avoir pas subi nous aussi l'expérience qui permettrait de lire dans les pensées du scénariste, juste pour vérifier de temps en temps qu'on a bien compris ce qu'on croit avoir compris. Et on aimerait une spontanéité graphique plus grande, qui évite la multiplication de véhicules aux contours photographiques, qui semblent parfois plantés sur la page comme sur un plan de travail. Après des débuts prometteurs, il manque finalement à One une bonne dose d'originalité ou de prise de risque pour être davantage qu'une déclinaison nouvelle des codes de l'espionnage en BD établis par XIII, ou plus proche de nous par Alpha.
