L'histoire :
Impacté par une transfusion sanguine lors d'une expérience secrète d'un labo américian, Jason Lethercore a développé des pouvoirs télépathiques. Il peut ainsi lire l'intégralité des pensées et souvenirs de ses interlocuteurs dès qu'il sent le souffle de leur respiration. Mais Jason a été blessé lors de l'attaque qui a coûté la vie au sénateur Pershing. Kate Clifbridge continue donc son enquête. Ayant acquis la confiance du sénateur, elle a pu suivre en secret l'évolution de Jason depuis le début de sa mission d'espionnage au cœur du pouvoir américain. Ce dernier avait été choisi pour prendre le relais d'un certain Winters, qui avait dû être éliminé alors qu'il tentait de lire dans les pensées d'un membre de l'administration. Lié a de puissants lobbies qui voient d'un mauvais œil la vague de réconciliation entre les Etats Unis et l'ancien axe du mal, le sénateur ultra conservateur voulait comprendre la mécanique de ces évolutions stratégiques sans précédent. Alors que Jason reçoit la visite d'un homme qui semble tout connaitre des missions précédentes des « pensanguins », le président américan reçoit son homologue iranien. Dans la limousine qui quitte l'aéroport, il lui annonce avec une assurance étonnante qu'il vont tous les deux changer la face du monde dans les heures qui viennent. Tandis que la vérité fait progressivement surface sur le véritable instigateur de cette révolution diplomatique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur une idée de base plutôt intéressante, One n'est pas parvenue à captiver le lecteur. Trop de sérieux dans l'intrigue, pas de profondeur dans les personnages, pas la moindre once de second degré, voilà qui met la pression sur le fond de l'histoire. Cependant, la véritable faiblesse de cette série se trouve plutôt dans sa déclinaison graphique, et dans la gestions des imbrications de l'intrigue. Zivorad Radivojevic nous propose un style visuel devenu ultra convenu dans la BD d'espionnage, fait de décors partiellement issus de photos, et dont les détails emplissent la page. Une technique qui fait gagner du temps aux dessinateurs, mais donne des pages rigides en diable, dont on devine les raccords multiples. Les personnages, quant à eux, changent de visage au fil des pages, selon qu'ils sont dessinés en gros plan, ou plus rapidement esquissés « à main levée ». On distingue mal les personnages féminins, les protagonistes masculins sont souvent physiquement semblables... seuls les artifices de type barbe ou cheveux blonds nous sauvent de la panique. La multiplicité des intrigues croisées est elle aussi facteur de confusion. Les groupuscules d'extrème droite, les lobbies industriels, les jeux d'influence au cœur du pouvoir sont trop nombreux et pas assez creusés. On se retrouve pris de vertige devant la multiplicité des acteurs dont il faudrait presque noter les noms au fur et à mesure qu'ils apparaissent. C'est bien dommage pour une série qui avait l'ambition d'effectuer une sorte de relecture de 50 ans d'histoire contemporaine, à travers une idée scénaristique plutôt piquante. Au final, cette série initialement destinée au grand-public se contentera de trois albums, le dernier tome devant être réservé à ceux qui avaient adoré les deux précédents. Mais ils sont certainement peu nombreux, vue la mise en place quasi confidentielle de ce volume de conclusion chez nos libraires...