L'histoire :
Au début du XVIème siècle, dans un royaume des pays de l’Est, le bourgmestre du village réclame vengeance contre le seigneur Stjepan Kovacevic. Ce monstre, un vampire, a fait une victime de trop : son fils, mort dans ses bras, deux trous saignants de sa jugulaire. Les villageois s’arment de leurs faux, de leurs haches et montent au château pour faire un carnage. Mais le vampire ne compte pas se laisser faire, il part lui aussi à l’assaut avec sa longue épée. C’est un déluge de feu et de sang, des deux côtés. Le monstre est néanmoins vaincu et décapité. Sa fille héritière Mirka – une paysanne qu’il a jadis mordue – est acculée dans la plus haute pièce du donjon par les villageois. Soudain, une soucoupe volante fauche littéralement la tour en s’écrasant sur Terre. Des aliens survivent au crash. Mirka aussi, qui sort amochée mais indemne des éboulis. Cinq siècles plus tard, en l’an 2048, dans une ville corrodée par la pollution, le youtubeur Reggie fait un podcast live avec Wallace666, un survivaliste qui s’est constitué un super bunker pour survivre à l’apocalypse. Cagoule sur la tête, Wallace666 explique face caméra que les fongiques ont débarqué de Ganymède il y a 5 siècles et que, depuis tout ce temps, ils nous infiltrent et poussent l’humanité à transformer la Terre en un putain d’enfer. Soit des conditions climatiques qui leur conviennent pour leur permettre ensuite d’éradiquer et supplanter l’humanité. Reggie filme, persuadé qu’il tient là le champion des complotistes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait oser allier les survivalistes d’une ère d’anticipation cataclysmique, les vampires du moyen-âge et les envahisseurs aliens venus pour éradiquer l’humanité ! On n’avait plus vu tel alliage hétéroclite depuis Anachron (avec des zombies + des nazis + des révolutionnaires + des voyages dans le temps et dans l’espace). A partir de ces registres fantastiques aux codes bien identifiés, le scénariste Eldiablo met en place une aventure de série B culottée et sacrément rythmée. On vous résume le pitch en une phrase : un trio composé d’un youtubeur, d’une vampire et d’un survivaliste, lutte contre les envahisseurs extraterrestres de la Terre. C’est une promesse explosive tenue, dès la séquence d’intro en flasback sur 5 planches, dans laquelle une soucoupe volante se crashe sur un château médiéval appartenant à des vampires en train d’être massacrés par des villageois. Tout le reste de l’aventure se déroule dans un futur proche apocalyptique, dans lequel l’inanité de l’humanité est parvenue à la corrosion ultime de la Terre, comme nous l’annoncent aujourd’hui les climatologues du GIEC. Ce contexte désinhibé et empreint d’autodérision cynique accorde tout de même du fond au délire de genres. Les personnages du youtubeur et du complotiste jouent eux aussi une partition faussement déjantée, au sein d’un dessin semi-réaliste de Romain Baudy, dans les décors parfaitement abouti et des personnages diablement expressifs, lui-même inscrit dans un découpage de cases super dynamique. En somme, le divertissement de série B (mais pas que) est total.
