L'histoire :
Septembre 1792. De nuit, un carrosse transportant des aristocrates traverse la campagne bretonne, escortée par des gens d'armes. Des malfrats leur tend un guet-apens. Hélas, dans la confrontation, la comtesse hérite d'une balle perdue. Sa fille Célénie et son précepteur M. Lalouette parviennent discrètement à s'enfuir. Il leur faut dès lors rejoindre à pied l'oncle de Célénie, le Marquis de Valoire, à Nantes. Après trois jours de marche à travers une campagne bien dangereuse pour les enfants trop bien nés, Célénie retrouve son oncle, au sein d'une demeure cossue. Hélas, la famille ne s'avère pas toujours le meilleur choix... L'oncle est l'un des instigateurs de la conspiration à l'origine de la mort de sa mère. Quand elle le comprend, la demoiselle fuit la propriété. Par chance, elle tombe sur des gamins de rues rois du système D. Avec sa longue chevelure blonde et sa robe rouge, Célénie Saint-Aymond de Montencourt ne passe pas inaperçue. Son oncle, le marquis a assez d'argent pour s'acheter des indics. Mais la rue possède aussi ses règles. Par exemple, Mange-Doigts fait la loi auprès de tous les voleurs du coin... et il aime l'argent. Tout le monde est sur le coup pour retrouver la survivante. Or l'Histoire prend un nouveau tournant car la République est déclarée. Chance ou malchance pour nos orphelins ? L'avenir le dira...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de cette nouvelle série jeunesse ne fait pas mystère sur l'époque. Nous voilà au cœur de la Révolution Française, qui a jadis quelque peu exacerbé les rivalités sociales. L'année 1792 est surtout marquée par la guerre franco-prussienne et la déclaration de la République, le 21 septembre. Un dossier pédagogique en fin d'album redonne toutes les clés du contexte, particulièrement dense. Le scénariste Régis Hautière l'utilise avec ingéniosité, étalant l'intrigue de Paris jusqu'à Nantes. A l'instar des Enfants de la Résistance, chez le même éditeur, Hautière place l'action à hauteur d'enfants, car ils perçoivent les évènements autrement. Hautière sait y faire avec les aventures de gamins, lui qui anime déjà La guerre des Lulus et Les spectaculaires. Au dessin, on retrouve Xavier Fourquemin, qui a à son actif Le Train des orphelins. Il impose avec élégance sa patte semi-réaliste pleine de précision et de chaleur. Impossible de ne pas s'attacher à cette bande qui fait le nécessaire pour survivre malgré les circonstances. Les couleurs d'Amparo Crespo Cardenete correspondent à merveille à la tonalité attendue. Nous voilà happés, à prendre de la patience pour lire avec plaisir la suite, prometteuse.