L'histoire :
Ric Hochet rentre chez lui, se fait cuir un œuf au plat, se prend une bonne douche et se rase, lorsqu’on toque à sa porte. Il ouvre et se prend aussitôt une mandale dans la tronche ! Il est tapé, assommé, tabassé, à coups de pieds, de poings, de gourdins, de crosses de révolver, de pierres, de branches et soudain il choit… d’une falaise, dans des catacombes, d’un escalier, bref dans le vide. Il atterrit dans l’eau, où un homme-grenouille tente de l’égorger avec un couteau, mais il est rapidement entrainé dans un tourbillon et manque de se noyer, avant de parvenir, finalement, à s’en sortir. D’autres inconnus l’accueillent alors en continuant de l’agresser, à grands renforts d’acide, de feu ou de décharges électriques. Puis on l’étrangle, on l’asphyxie et on le laisse pour mort. Heureusement, Ric a plus d’un tour dans son sac et il revient à lui, rendant coup pour coup ce qu’il a subi à tous ses agresseurs. Il s’échappe alors à bord de sa voiture de sport jaune, poursuivi par ses ennemis. Des échanges de coup de feu l’obligent à descendre et à poursuivre le mitraillage à pieds…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cinéma, l’exercice du « détournement » est périlleux et fastidieux. Il consiste à prendre des scènes ou des morceaux de dialogues de plusieurs films cultes et à les remonter en les mixant, pour raconter une autre histoire. De fait, quand il est bien fait, il suscite des éclats de rire intempestifs. En bande dessinée, les projets sont plus rares et ils participent pourtant de la même minutie. Evidemment, il est plus difficile de mélanger sons et images, sauf à dénaturer franchement les règles de cet art. En hommage à l’une des séries emblématiques du patrimoine belge de la BD, Ric Hochet, et avec la bénédiction des auteurs et des ayants-droits, David Vandermeulen s’est ici frotté à l’exercice. Pour recomposer une histoire nouvelle, l’auteur n’a pas changé un iota du dessin de Tibet pioché parmi les 78 épisodes de Ric Hochet, ni aucune des répliques qui lui sont attribuées en phylactères. Le résultat est très intéressant dans le sens où il ne fonctionne pas vraiment. Malgré la somme évidente de travail et de compilation de cases, voire le travail sur les couleurs et le rythme séquentiel, on a plus le sentiment d’une accumulation de cases identiques, classées en grands thèmes. Une phrase unique peut résumer la trame narrative : Ric reçoit des coups, en rend, se noie, s’en tire, participe à des échanges de coups de feu et tout explose avant qu’on ne le drogue et qu’il soit traqué à son réveil, tandis que tout le monde le croit mort. Certes, cela résumé schématiquement la grande majorité des scénarii de Duchâteau, mais cela pointe également l’extrême simplicité et la récurrence de ses intrigues. Surtout, cela fait vaguement sourire au début, mais sans jamais susciter d’éclat. A la marge, cet album est à classer parmi les expérimentations artistiques sur le médium, telles que les pratiques les membres de l’OUBAPO (Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle)…