L'histoire :
Sisco doit absolument remettre la main sur la journaliste qui a récupéré la vidéo du laveur de carreaux témoin de l'exécution d'un député gênant, au cœur même du palais de l'Elysée. Après un suivi rapproché, utilisant les caméras de vidéo surveillance du métro, il remet la main sur la jeune femme. Il va tenter de la convaincre de garder le silence, et surtout de lui remettre le téléphone portable qui contient les images de l'exécution. Si la journaliste se tait, les fausses informations distillées dans la presse sur l'état soi-disant dépressif du député Saint Sevran, ainsi que les témoignages bidon de certains collègues, devraient suffire à maquiller sa mort en suicide. Sisco pourrait alors sortir indemne de la bourde qu'il a commise lors de l'exécution du député. Mais l'affaire n'est pas si simple, car à l'intérieur même des services secrets, certains collègues semblent vouloir profiter de l'affaire pour faire couler Sisco et mettre un terme définitif à leurs rivalités anciennes. Un double jeu de cache-cache va débuter, vis à vis de l'opinion publique d'une part, et à l'intérieur des services de l'Elysée d’autre part…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est clair, Sisco n'est pas Largo. La question qu'on pouvait se poser à la fin du premier tome de cette série sur la véritable nature de notre agent secret trouve ici sa réponse. Sisco est un vrai tueur, sans scrupules, prêt à tout pour sauver sa mise. Il n'a rien de généreux, il n'est pas un bienfaiteur de l'humanité. Le parti-pris du scénariste Benec, qui nous emmène au cœur des services secrets de l'Elysée, est poussé à fond. Comment ces hommes vont-ils réagir face à la bavure du témoin gênant ? Jusqu'où sont-ils capables d'aller pour obtenir le résultat recherché. Même si les auteurs confient qu'ils n'ont pas arpenté les couloirs du palais présidentiel pour écouter aux portes, ils parviennent à donner à leur série une vraie dimension réaliste. Le cynisme affiché de (presque) tous les personnages est édifiant, ce qui donne un ton très original à cette série, par ailleurs visuellement très formatée. Thomas Legrain marche sur les traces prestigieuses de Philippe Francq (Largo Winch) et Youri Jigounov (Alpha). Ses planches sont très fouillées, les décors réalistes hyper crédibles (un petit hommage est rendu à la série Alpha, qu'un des protagonistes lit dans le métro). Le dessinateur parvient à conserver le dynamisme requis dans ses scènes de dialogue ou d'action, malgré la profusion de détails, grâce à un trait bien défini qui donne du caractère aux visages de ses personnages. On apprécie particulièrement les ordures au front dégarni qui peuplent les services secrets, et le contraste entre leur look de haut fonctionnaire et leurs attitudes de mafieux. Bref, sans être transcendante, cette série efficace se niche dans un créneau original, qui devrait lui donner une place au milieu de la profusion de séries conventionnelles. Du bon boulot, par un duo d'auteurs prometteurs.