L'histoire :
Cybill et Cynthia, deux sœurs jumelles âgées de 18 ans, sont étudiantes en histoire le jour et cambrioleuses la nuit. Pour le compte de leur papa altermondialiste, elles dérobent des œuvres d’art aux riches (largement assurés), pour faire profiter les pauvres de leurs reventes. Un duo Robin des bois des temps modernes, en quelque sorte ! Cybill, le cerveau, prépare le terrain et assure la logistique, tandis que Cynthia, plus athlétique, bondit de toit en toit, crochète les serrures et esquive les alarmes. Cette fois-ci, leur papa leur propose pourtant un coup inhabituel. Il s’agit de dérober un DVD-Rom dans la multinationale P.A.S.T., a priori de mèche avec plusieurs dictateurs. Or, en arrivant dans la place, elles sont immédiatement attrapées et maîtrisées par des gardes du corps au service d’un vieil homme en fauteuil roulant. Malgré leur tentative de rébellion, elles sont assommées. A leur réveil, elles se trouvent dans une ruelle enneigée de Chicago, en février 1929 ! A leur cou, une médaille avec une adresse... où elles se rendent donc. Là, une famille très accueillante les installe devant un ordinateur portable ! A l’écran, le vieil homme, complice de leur papa, leur explique la situation : la société P.A.S.T. a trouvé le moyen de voyager dans le temps. Elle a aussitôt mis cette découverte au service d’une noble cause : le projet Evolution. Ce projet vise à améliorer le monde, en gommant les erreurs du passé. Or, lors des premiers essais de voyage, les composants électroniques de la machine se sont eux-mêmes dispersée à plusieurs époques, en des endroits très précis. Dès lors, il leur est demandé de récupérer le premier morceau de la machine, qui se situe… dans la mitraillette fétiche d’Al Capone !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà ce qui s’appelle un épisode d’exposition ! Le résumé ci-dessus ne décrit que les 19 premières planches (sur un total de 46) de cette nouvelle série jeunesse, mâtinée d’action et de fantastique, plus légère (et plus réussie !) que son précédent triptyque ésotérique Incantations. En un premier album, le scénariste Jean-Christophe Derrien réussit la prouesse de présenter les personnages, le mécanisme temporel et d’en extraire une première mission riche en rebondissements. Premièrement, ces jumelles cambrioleuses sont attachantes et s’affranchissent du standard héros/faire-valoir. Légèrement différentes de caractère, mais pourvues de motivations communes, elles sont comme un même personnage bicéphale. Ensuite, le mécanisme narratif qu’elles subissent est plutôt amusant : chaque épisode présentera une époque différente, au sein de laquelle elles devront dérober une pièce de la machine à voyager dans le temps. Une sorte de mélange entre le dessin animé Cat’s eye et la série TV Sliders. Certes, les composants de l’intrigue empruntent beaucoup de raccourcis faciles (le collier traducteur, la traitrise du papa, le composant électronique dans un emplacement spécialement inaccessible…). Tout cela n’est pas très réaliste, mais le réalisme n’est pas la finalité de cette série destinée, rappelons-le, à un jeune public. A l’origine, ce synopsis était d’ailleurs élaboré pour être traduit en dessin-animé (Derrien a participé à l’adaptation de Spirou, Blake & Mortimer, Bob Morane…). Le style graphique de Frédéric Vignaux, proche de l’animation, colle du reste à cette ambiance. Légèrement caricatural, son dessin est fluide, lisible, très cadré sur les personnages, au détriment de décors pourtant maîtrisés. La colorisation, signée Jaime, est relativement sobre et raffinée, pour une série jeunesse. A noter enfin, étant donné que les titres des épisodes sont des dates, on sait d’ores et déjà que la prochaine aventure nous entrainera le 22/08/79 (allez, à vos livres d’Histoire !)
