L'histoire :
25 septembre 2010. Caché derrière une gosse boite postale, le petit Tom observe un curieux personnage : combinaison caoutchouteuse, fusil bizarre mais surtout pieds palmés et uniquement 3 doigts. Néanmoins peu traumatisé, dés son départ le gamin regagne la rue déserte, pour se faufiler dans un magasin de jouets tout aussi vide. Puis, il gagne une épicerie pour remplir son caddy de bonbons et c’est là… qu’il rencontre William. Ce dernier accompagne le gosse dans un jardin public pour refaire avec lui le cours des événements : il y a 3 jours, alors que tout semblait normal, tout le monde a subitement disparu. William pensait être le dernier et il se demande comment Tom, du haut de ses 6 ans, s’est débrouillé seul depuis lors. L’enfant lui promet un début d’explication en lui donnant rendez-vous une heure plus tard, devant l’étang. De fait, il retrouve à l’heure dite Tom accompagné d’un drôle de personnage qui a tout du viking, du casque aux godillots. Il s’agit de Günnar, un héros de BD qui assure la protection du garnement. Car au moment où tout le monde disparaissait, Tom explique qu’il s’est retrouvé en présence d’une dizaine de héros dont il venait de suivre les aventures dans des vieux comics de son papa. Et si les deux événements étaient liés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certains, à force d’usage abondant de boissons alcoolisés, convoquent des pachydermes colorés. D’autres, boutonneux gorgés de sèves, se retrouvent un jour sur deux englués dans les bras d’une Morphée peu farouche pour des culbutes endiablés. Le petit Tom, lui, en plongeant son imaginaire dans une vieille caisse de comics de son papa, obtient le droit d’avoir pour copains – et pour de vrai – des héros de papier. Et ça tombe plutôt pas mal. Imaginez : la Terre semble dans le même temps s’être vidée de la majorité de ses habitants… En partant du postulat qu’imaginaire, BD et réalité peuvent interagir comme de vrais petits garnements, Laurent Lefeuvre livre un récit original. L’aventure proposée sert en outre allégrement une volonté de rendre hommage aux productions populaires d’antan (les Akim, Prince Vaillant, Captain Swing et consorts). Aussi, avec malice, il imagine une intrigue empruntant des chemins dignes de ceux de la 4e dimension. La mise en scène de ces héros kitchs permet alors de tirer, jusqu’à l’ultime planche, bien plus de tiroirs qu’on ne l’imaginait. Le rebondissement final qui tient sur 10 maigres pages est peut-être un poil capilotracté, mais il est pour autant astucieux. Cerise : il est parfaitement raccord avec les productions dont il est fait l’hommage. Le graphisme choisi fait parfaitement le pont entre la BD actuelle et l’univers comics à l’ancienne, dont le trait semble s’être nourri. Laurent Lefeuvre pousse même le bouchon jusqu’à livrer à la fin de l’album un journal de bord illustré par des compositions de couvertures et de (fausses) planches extraites des séries fictives référencées dans le récit. Encore plus fort : un blog est tenu par un des personnages, qui s’arrêtera à l’heure H où commence le récit ! Pas un chef-d’œuvre mais un exercice très intéressant.