L'histoire :
Invité pour célébrer le centenaire de l'indépendance de la Belgique, Eugène Isaye quitte sa très jeune femme pour s'envoler de Bruxelles vers Léopoldville. Au cœur du Congo belge, le violoniste virtuose et ami intime de la cour royale doit donner un récital qui constituera le point d'orgue de la cérémonie organisée par le gouverneur. Mais un torticolis fort peu opportun va empêcher le musicien de s'exprimer et le conduira à séjourner dans la résidence de ses neveux, au bord du lac Léopold. Au milieu d'une famille de colons qui passent leur temps à des occupations plus ou moins futiles, Eugène va faire la connaissance de « Tourne Disques ». Ce congolais d'une quarantaine d'années est un domestique de la famille depuis l'âge de huit ans, totalement dédié à la gestion du gramophone est des soixante dix-huit (ou plutôt septante-huit) tours de la famille. Alors que ses neveux doivent s'absenter pour une urgence, Isaye va prendre le temps de parler avec Tourne Disques. Ce qu'il va découvrir va changer le reste de sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que dire lors de la lecture d'un nouvel album de Zidrou... Au fil de ses one-shot, le scénariste ne fait que confirmer son incroyable capacité à générer des récits intimes, touchants et originaux. L'auteur belge, qui a débuté en créant des avalanches de gags dans le magazine Spirou, a pris son envol dans la BD réaliste il y a quelques années seulement, d'une manière aussi surprenante que mature. Inimitable dans sa capacité à mettre en scène des personnages banals dans des situations émouvantes, il le fait sans redite et avec une délicatesse étonnante. Il n'y a jamais de pathos chez Zidrou, une image muette ou des dialogues concis apportant l'émotion juste au lecteur. C'est Raphael Beuchot qui a la chance d'illustrer cette nouvelle histoire, gentiment surprenante. Il le fait dans un style « néo-ligne-claire » qui n'est pas sans rappeler René Sterne, et qui en tout cas colle parfaitement à l'ambiance coloniale années 30 du récit. Il réalise de très jolis paysages aux couleurs douces, les 100 pages de son histoire étant par ailleurs d'une grande fluidité. Certes, cet album ne fait pas partie de ceux que l'on relira frénétiquement pour y retrouver des passages mémorables. Mais il offre un joli moment d'évasion et de réflexion, sur fond historique.
