L'histoire :
Durant la paisible nuit du samedi 20 juin 1987, le corps sans vie de Janine Deulin gît dans le lit conjugal. La pauvre femme n'a pas survécu à un tir de chevrotine reçu en plein visage. Jean-Pierre, son mari, qui dormait à ses côtés, se réveille en sursaut et alerte les voisins pour les prévenir du suicide. Un suicide que les enquêteurs auront beaucoup de mal à cautionner; faisant de Jean-Pierre le principal suspect de ce tragique drame familial. L'homme est dévasté. Mais après avoir prévenu le médecin de famille, il va se coucher. Car à 07h00, suicide ou pas, il faudra traire les vaches. Tout désigne Jean-Pierre comme le suspect principal de cet homicide, puisqu'il est l'unique témoin vivant de cette tragédie. Mais c'était sans compter sur la gouaille de Maître Eric Dupond-Moretti. Alors jeune avocat, l'actuel Garde des Sceaux va mettre en lumière tous les manquements d'une enquête complètement bâclée. C'est ainsi qu'il va se forger sa réputation d'avocat acquitteur et qu'on l'affublera du patronyme « acquitator »...
Ce premier récit lance une saga de dix faits divers qui ont défrayé la chronique judiciaire française.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout chroniqueur judiciaire vous l'affirmera : le fait divers illustre parfaitement les mœurs et les dérives de notre société. Jusqu'où chacun d'entre nous est-il capable d'aller pour atteindre son but ? Christophe Hondelatte a construit sa notoriété grâce au succès de l'émission Faites entrer l'accusé, diffusée naguère sur France 2 et récemment reprise par RMC. Blouson de cuir sur les épaules, l'animateur français nous a relaté, pendant de nombreuses années, des faits divers qui retracent les parcours d'hommes et de femmes ordinaires qui en viennent à se transformer en de véritables criminels sanguinaires. Ces histoires, Christophe Hondelatte les a décortiquées, analysées et relatées pour la télévision mais aussi pour la radio Europe 1 sur laquelle il officie actuellement. Il ne manquait donc plus que la bande dessinée. Sous le crayon de Cyril Doisneau, ces récits nous rappellent à quel point la nature humaine peut être complexe et primaire à la fois. Les trois auteurs ont réussi la gageure de nous narrer dix des faits divers les plus sordides de ces dix dernières décennies sur 150 pages. Un exploit qui aurait pu passer pour une hérésie tant chaque fait divers mériterait tout un récit détaillé. Mais en ne s'attachant qu'à relater l'essentiel des enquêtes, à l’exception du procès de l’affaire Stern, on mesure encore mieux les actes posés par ces criminels aussi insoupçonnables qu'insoupçonnés. C'est sans doute ce qui explique le choix du titre. Aucun des protagonistes n'était destiné à défrayer la chronique judiciaire. En effet, chaque récit met en lumière des familles françaises aussi banales qu'ordinaires. Ce recueil s'érige en véritable archive judiciaire qu'on lit avec beaucoup d'intérêt. Le découpage de ces dix récits est très dynamique et particulièrement réussi. Le coup de crayon de Cyril Doisneau est ciselé. Chaque personnage est ressemblant et les expressions sont perceptibles. La mise en couleurs est adaptée aux circonstances et permet de ressentir l'atmosphère particulièrement lourde qui pèse sur chacun des protagonistes, qu'ils soient criminels, victimes collatérales ou représentants de l'ordre public. Et que dire du travail de scénariste de Jean-Louis Tripp qui est parvenu à caler chaque récit sur le même tempo en relatant admirablement la narration de Christophe Hondelatte dont la voix résonnera dans l'esprit des lecteurs, tant les mises en scène sont fidèles à la réalité. Une bande dessinée captivante même si elle ravive de douloureux souvenirs...