L'histoire :
Un petit rat du bosquet appelé Minimum est raide dingue d’une jolie souris, Particule. Il l’observe se baigner dans le « lac des trois sources » qui regrouperait, selon la légende, trois eaux d’origines différentes, génératrices d’amour, d’amitié ou de séparation. Minimum se confie à Chlorophylle, qui ne peut que constater à quel point son ami est amoureux. Lorsque Particule se met à bâtir une cabane à côté du lac, Minimum l’aide de son mieux, jusqu’à faire dessiner un cœur dans le volet de la fenêtre, taillé par Rabot le castor. Cependant, un beau matin, alors que Minimum apporte un bouquet de fleurs à Particule, il retrouve son cabanon ravagé... et la souris a disparue. Aussitôt, il alerte Chlorophylle et les autres membres de leur petite communauté. Olive et Vinaigrette Piquechester, les sœurs aînées de Particule, débarquent aussi, pensant que leur frangine a fugué. Une expédition est montée, afin de suivre la piste du prédateur qui a enlevé Particule. Leur enquête les mène jusqu’à l’inquiétant terrier du vieux blaireau, costaud, borgne et hargneux. Celui-ci se met en rage pour les mettre dehors, mais Minimum a le temps de voir Minimum enfermée dans une cage au fond du terrier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l’excellente version de Zidrou et Godi, Jean-Luc Cornette et René Hausman offrent à leur tour leur version de Chlorophylle. A la manière des « Spirou et Fantasio par… », les éditions du Lombard remettent en effet sur le devant de la scène BD le célèbre personnage muridé animé à partir des années 50 par Raymond Macherot. Il n’y a guère que la douce folie du scénariste Cornette pour se permettre une relecture du monstre de Frankenstein, mâtinée de King-Kong et/ou de Simetierre (Stephen King), lorsqu’on lui propose de livrer sa vision d’auteur de Chlorophylle. René Hausman, grand dessinateur animalier, apprécie en effet les ambiances lugubres – et néanmoins empruntes d’une immense poésie. Son dessin truculent fait donc la part-belle à une jolie farandole de personnages trognons – mais plus réalistes et « adultes » que le zoomorphisme enfantin de Raymond Macherot – et au milieu naturel « réel » – humus et broussailles anarchiques, plutôt que jolies maisonnettes décorées. Cet univers graphique s’accommode d’autant mieux du scénario « tendrement monstrueux » de Cornette qu’il a été fait sur-mesure pour les envies d’Hausman de coller au Chlorophylle des débuts, sans se départir d’un accès grand public. La morale douce-amère qui se dégage du dénouement s’adresse cependant plus aux adultes nostalgiques qu’aux enfants, bien que rien n’empêche ces derniers d’y trouver un puissant souffle évocateur et poétique.