L'histoire :
A la demande du Roi de France Charles V, Vasco Baglioni chevauche vers la cité d’Avignon, pour remettre une missive en main propre à sa sainteté le pape Urbain V. Chemin faisant, il fait halte dans un village récemment pillé et massacré, dont le prêtre crucifié a été criblé de flèches. Il en déduit que les « grandes compagnies » – un immense conglomérat de guerriers et de mercenaires sans foi ni loi – que la trêve contre le royaume d’Angleterre a mis au « chômage », sont passées par là. Plus loin, dans une abbaye étrangement abandonnée, il est confronté de visu avec un groupe de pillards et à leur chef, surnommé l’archiprêtre. Vasco reconnait en lui une vieille connaissance, Arnaud de Cervole, qui propose sans grande considération… qu’on le pende. Vasco s’en sort en révélant que sa mission royale vise à mobiliser les grandes compagnies en appuie au connétable du Guesclin dans une croisade en terres de Castille. Surtout, il sème la panique parmi les pillards en annonçant que les cadavres des moines, morts de la peste, jonchent la nef de l’abbaye. Le lendemain, Vasco découvre une cité d’Avignon ravagée par cette même épidémie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une petite nouveauté dans cette série médiévale de qualité, jusqu’alors entièrement réalisée par Gilles Chaillet : l’érudit auteur passe le relais du dessin à Frédéric Toublanc, nouveau venu dans le paysage BD franco-belge. Pour son baptême du feu, ce dernier s’en tire admirablement bien ! Au premier chef, le dessinateur livre des décors d’un niveau de détails impressionnant. Divers villages et abbayes (Montmajour, Sénanque), la cité des papes sous tous les angles, les intérieurs orientaux, l’Alhambra, les villes fortifiées de Burgos, Arles, Beaucaire, Carcassonne, Tolède… Quel boulot ! Mais ce n’est pas tout : les costumes, blasons, foules, scènes d’époques, personnages, sont d’une richesse rarement égalée dans le genre. De fait, chaque planche impose à l’œil une densité visuelle qui aurait volontiers supporté un plus large format d’édition. Un seul bémol se situe néanmoins dans des choix de découpage bizarres (ex : p. 22, 30, 37) ou en bute à une lecture intuitive (le découpage ultra panoramiques, sur deux planches p. 28-29 et 44-45). Quant à lui, le récit est (comme toujours) très didactique. Situé grosso modo entre l’an 1365 et 1367, durant une trêve dans la guerre de 100 ans, le récit de Chaillet focalise sur deux aspects majeurs. Primo, l’emploi des « grandes compagnies » de pillards par Charles V et Du Guesclin pour les campagnes de Castille ; secundo, l’épidémie de peste, dont le surnom de la Dame noire, trouve un double sens avec la (ré-)apparition d’un mystérieux personnage féminin drapé de noir… Enfin, nous abandonnons Vasco en bien triste état, à suivre au prochain épisode !
