L'histoire :
A Québec, par une belle journée d’automne 1923, une religieuse est retrouvée morte au confessionnal de la chapelle de son couvent. Après avoir ressenti le besoin de coucher par écrit ses états d’âme, la nonne avait cru pouvoir se repentir avant d’être frappée mortellement au ventre. Quelques heures plus tard, le train en provenance de New York entre en gare d’Ottawa. Conduit auprès du gouverneur général, l’agent Victor Sackville se voit confier la mission de gagner, sous une fausse identité, une fabrique située au bord du lac Saint-Jean. Le lendemain, Horace Blunt, négociant en pâte à papier, emprunte donc le train de Montréal, ignorant que, la veille, son homologue en poste dans la capitale, a été sauvagement agressé. Cependant, le comportement étrange des voyageurs l’intrigue. Après avoir aidé une jeune et excentrique américaine a retrouver son chien, voici qu’en face de lui s’assoit un homme inquiétant, vêtu d’une longue guimbarde et coiffé d’un feutre beige. Mais d’où sort ce type ?...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est inhabituel, voire déplacé, de chroniquer un album en commençant par sa fin. De surcroît, lorsqu’il s’agit d’une intrigue policière ! Cependant, sans rien éventer du suspens, cette histoire se termine en queue de poisson : sur une ultime vignette figure un glaçon incongru sensé éclairer les ultimes dessous d’un scénario bien alambiqué. Un dénouement que l’on pourrait croire hâté, presque bâclé. Le morceau joué à quatre mains par Gabrielle Borile et François Rivière ne manque pourtant pas d’attraits : les ressorts classiques du contre-espionnage s’entremêlent allégrement. Mais le lecteur n’est jamais surpris. Des détails croustillants comme les romans encodés de Sir Hugh Walpole ne parviennent pas à sauver l’interprétation. Tout paraît trop attendu. Chaque note de la partition (la secte, les deux réseaux espions et rivaux, britannique et allemand, le vieil homme doublé…) sonne juste entendue séparément. Néanmoins leur accord n’est pas des plus harmonieux. Des personnalités trop lissées et convenues, comme la jeune américaine excentrique, mériteraient un meilleur sort. Reste le dessin à la ligne claire de Francis Carin qui témoigne d’un souci constant du détail : l’inconscience des folles années d’après-guerre est impeccablement rendue comme dans les rues d’Ottawa, ville moderne à la belle architecture victorienne et aux larges avenues parcourues d’un tramway. Annoncée comme une intrigue dans la veine des grands classiques d’Hitchcock, cette aventure comblera donc d’honnêtes amateurs mais peut-être pas les plus exigeants. Goddam !