L'histoire :
Nigel Grant est un jeune londonien spécialisé dans les transactions d’œuvres d’art. Par le biais de son job, il fait affaire avec un certain John Karfeld, un artiste faussaire aux tenues excentriques. Alors qu’ils parlent business à Picadilly Circus, Karfeld prend soudainement la poudre d’escampette, lui confiant auparavant un pendentif. Poursuivi par de mystérieux ennemis en chapeaux melon, il finit par se jeter sous une rame de métro. Scotland Yard interroge Nigel, mais ce dernier est visiblement étranger à ce « suicide ». Quelques jours plus tard, à l’enterrement de Karfeld, Nigel est abordé par un étrange gamin… qui disparaît lui aussi soudainement. Puis il est agressé à son propre domicile par les fameux « chapeaux melon », juste avant que le bâtiment n’explose intégralement. Indemne, miraculé, aux abois, Nigel trouvera des réponses à ses questions chez une fausse psychiatre : il est un djinn, une créature féerique qui a le pouvoir de réaliser des vœux ! Mais il apprend aussi qu’il est le dernier « souhaiteur » ou « wisher » existant encore sur terre. En effet, au cours d’une lutte millénaire, les « féeriques » ont peu à peu été éliminés par le MI10, une section secrète du ministère de l’intérieur. La seule option de Nigel pour le moment : rejoindre le sanctuaire des créatures de son espère, situé dans les souterrains de Londres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Wisher inaugure de main de maître la nouvelle collection du Lombard, « Portail », regroupant des récits fantastiques ayant un même point commun : les contes et légendes envahissent la réalité contemporaine. Ce genre pas tout à fait nouveau a même un nom : « l’urban fantaisy ». Certes, le résumé ci-dessus peut paraître ultra-classique dans une œuvre d’heroïc-fantaisy (un jeune élu apprend qu’il est l’héritier d’un don qui va sauver le monde ; ne lui reste plus qu’à se lancer dans sa quête). L’originalité tient ici au cadre contemporain réaliste de l’aventure : une ville de Londres légèrement anticipée. Surtout, ce premier épisode est ultra bien réalisé. Sur un châssis standard, Sébastien Latour rythme à la perfection le parcours initiatique de Nigel, incrédule à la découverte progressive de sa vraie nature. Il en profite au passage pour relooker l’imagerie classique du bon génie. Mais l’atout majeur de la série tient avant tout dans le dessin de Giulio de Vita (James Healer). Le dessinateur est aussi à l’aise dans les ambiances fantastiques que pour illustrer le réel, ce qui promet encore de grands moments à venir. Les personnages, leurs mouvements, les différentes ambiances, les profondeurs de champs, tout est parfaitement rendu à l’aide d’un style réaliste d’une grande maîtrise. Seules peut-être les couleurs baignant trop souvent dans une tonalité unique et obscure, étouffent un peu ce coup de crayon talentueux. Une série qu’on se plaira à suivre avec grand plaisir…