L'histoire :
Novembre 1941, voilà maintenant dix ans que l’armée américaine recherche activement le comte Zaroff. À la tête de l’équipe de recherche, le capitaine Sanger Rashford a déjà eu affaire à l’aristocrate russe dans le passé. Un fait divers va mettre les fins limiers de l’US Air Force sur les traces du comte. Dans une feuille de chou local, un alcoolique du nom de Little Sam raconte qu’il a aperçu un individu avec une arbalète, accompagné de quatre molosses, lancer une chasse à l’homme contre son ami Bo’. Pour Rashford, il y a peu de doute, c'est Zaroff. D’autant plus que sa couverture actuelle est un écrivain français prénommé Marc. Comme l'empereur romain Marc Aurèle, que le conte cite à longueur de temps. Sans hésiter, le capitaine réunit son unité aux portes de la maison de l’écrivain. À quelques mètres de l’entrée, trois soldats se dirigent au pas de course pour se mettre à couvert derrière une camionnette. À proximité de cette dernière, le sol se dérobe sous leur pied et le véhicule bascule sur les hommes. Le mouvement déclenche l’explosion d’une bombe artisanale avec des fragments de shrapnels. La première ligne est décimée et l’assaut est lancé au son des mitrailleuses. C’est un spectacle de guerre devant la villa. L’escouade de reconnaissance menée par le capitaine tombe dans les pièges de la maison. Zaroff se présente devant Rashford qui est à sa merci. Une nouvelle fois, le chasseur se retrouve face à sa proie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelle gifle scénaristique et artistique. Le seul regret est que l’ouvrage d’un peu plus de 90 planches n’en fasse pas 90 de plus. Ce péché de gourmandise est fondé sur un récit haletant mené avec maestria par les auteurs Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes. Au bout de leur crayon, le personnage du comte Zaroff est puissant et magistral. Ses côtés sombre, machiavélique et sanguin, sont finement contrebalancés par sa perspicacité et son intelligence. Le lecteur ressentira un petit sentiment de culpabilité naissant d’éprouver de l'empathie pour ce psychopathe. Le récit est riche de plusieurs histoires parallèles. L’intrigue principale est l’extraction de la chercheuse russe, mais on suit aussi l’opposition Rashford / Zaroff qui date déjà du premier tome et un personnage nazi haut en couleur. L’environnement graphique est réalisé par François Miville-Deschênes avec un trait précis, réaliste et extrêmement détaillé. Il y a un énorme travail. Aucune case n’est laissée au hasard, que ce soit dans l’enfer du combat de la villa, dans les scènes quotidiennes transitoires de l’histoire ou dans le froid mordant russe. Le séquençage, ainsi que la composition des cases, sont riches et soignés. Comme pour le premier opus, le rendu graphique est sublime. Il faut aussi saluer l’excellent travail éditorial de la collection Signé du Lombard, qui offre au lecteur de magnifiques albums, tant sur le fond que la forme. Ce second tome, La vengeance de Zaroff, ne déroge en rien à cette qualité, c’est réellement un album remarquable. Un troisième opus est d’ores et déjà plébiscité, la revanche de la vengeance, la dernière chasse de Zaroff ou tout bonnement le retour de Zaroff. Peu importe le titre pourvu qu’on ait l’ivresse.