L'histoire :
Maximilia, la grande prêtresse des amis de la chatterie, compose un nouveau rap en son église tout en se faisant brouter la touffe. Et une nouvelle fois, au moment de l’orgasme, elle et ses adeptes, qui se masturbent de concert, recueillent un maximum de cyprine via une pompe aspirante, afin de nourrir un projet secret. Au même moment en centre-ville, trois agents de la sécurité phallocratique font respecter l’ordre viril en Gogaulerie. Ils dispersent un regroupement de femmes (interdit !) et exigent des changements vestimentaires chez celles qui sont trop découvertes (une jeune femme en croc-top), mais aussi celles qui sont trop couvertes (une musulmane portant un voile). Sur un banc à proximité, Blix et Jess se roulent des pelles. Ce qui procure une énorme érection à Blix – qu’on surnomme Blix la trixe ! Jess en profite pour pratiquer une double masturbation : une main sur la trique de Blix, une autre sur sa foufoune. Or pile au moment où Blix éjacule, les agents de la sécurité phallocratique l’interpellent : la jouissance sans recours à la pénétration, qui plus est sur la voie publique, est un outrage ! Malgré l’aveu de plein et entier consentement de Blix, ils l’accusent d’être sous l’emprise d’une féministe. Les deux amants s’enfuient, poursuivis par les agents. Ils se planquent derrière un haut mur, dans l’enceinte de l’Eglise de Maximilia…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette relecture sexualisée et de légère anticipation décalée de la guerre entre féministes et virilistes, Chloé Wary n’y va pas avec le dos du womanizer. A travers son style graphique toujours hyper coloré, proche du fanzinat, elle nous présente d’abord une grande prêtresse du féminisme, qui s’exprime en faisant du rap et entraine des copines à se masturber frénétiquement dans son église, afin de recueillir un max de cyprine. Ce liquide sera une arme de guerre lorsqu’elles passeront à l’action. Elle nous présente aussi son némésis, un dirigeant mâle alpha hégémonique et autocratique, un monstre entre Trump et Rocco Siffredi, habitant une cité composée de gratte-ciels phalliques (pour une raison que vous découvrirez à la fin). Les mâles tentent de faire respecter un ordre viril complètement débile (les valeurs fondamentales de la gogaulerie) ; à partir de leur devise « Veni Cunni Vici », les femmes organisent leur révolution armée hyper-méga sexuelle et débridée. Entre les deux, un couple « normal » se retrouve divisé et bringuebalé dans sa relation. Ce délire « foutrique » s’accompagne évidemment de répliques ultimes : « J’peux pas, j’ai cyprine » « la révulvution » « Make phallus great again ». Et il se terminera dans une apothéose terriblement mouillée, de toutes parts. A travers cette œuvre « plus profonde qu’on ne pourrait le croire » (comme le dit la 4ème de couv), il n’y a pas vraiment de prétention militante. Mais une vraie proposition fun et déridée du jusqu’auboutisme sur une guerre des sexes paradoxalement stérile.
