L'histoire :
Un scandale sexuel au sommet de l’Etat français émoustille les médias. A l’Elysée, le Président de la République appelle ça un « shitstorm » et il demande instamment à son Premier Ministre de prendre du recul, des vacances, de se mettre au vert quelques temps, en famille avec ses enfants. Daniel est clairement en train de faire un burn-out. Il est d’ailleurs un peu déboussolé par la vitesse à laquelle il est mis sur la touche. Un collègue lui affirme que le camp de naturistes est idéal : endroit clos, pas de portable, pas de paparazzi… Daniel rentre ainsi chez lui et trouve sa famille inquiète de… le voir, tout simplement, qui plus est en pleine journée. Sa femme Véro et ses deux enfants Maya, 15 ans, et Lucas, 17 ans, sont très compréhensifs et aimants. Ils acceptent dans la seconde de l’accompagner en vacances. Une journée de voiture et un gros dodo plus tard, et Daniel se réveille sous une tente, au camping de la Grande Raie. Ici, au bord de la plage, tout le monde est à poils. Comme sa femme qui bouquine nue, détendue dans un transat’, Daniel est invité à tomber la serviette. Il est soudain interloqué de voir les corps de ses enfants nus : Lucas a une bite énorme et Maya des seins protubérants… et ils jouent néanmoins comme des enfants. De plus en plus, Daniel a le sentiment de ne pas avoir suffisamment profité de sa famille, d’avoir tout raté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Capable de chroniques sociales particulièrement sensibles, Bastien Vives commet aussi régulièrement des BD complètement délirantes, voire trash, qui allient et défoncent dans les grandes largeurs les thématiques du sexe et de la famille. Tout le monde a d’ailleurs plus ou moins déjà fait le subtil jeu de mots du titre de cette BD Cul. Bastien Vives en illustre ici le sens premier, toujours avec sa griffe artistique numérique jetée, en noir et blanc. Le personnage central est donc le Premier Ministre français et il fait un burn-out, suite à un « shitstorm » (tempête médiatique merdique) dont il est la victime innocente : des photos truquées de lui ont été publiées en train de lire des hentaï (mangas pornos). Il ne trouve rien de mieux que de s’exiler dans un camp de nudistes, en famille, littéralement avec les burnes « out ». Ce qui offre un terrain scénaristique idéal à bien des constats et activités pornos déjantées. Les répliques et situations qui en découlent sont tout à la fois marrantes, bien amenées, débarrassées des tabous et elles s’avèrent un reflet délirant de notre époque moderne. Précédemment, dans Petit Paul (et même avant, dans les Melons de la colère), Vives avait choqué les prudes lecteurs en frayant sans vergogne avec la pédophilie et l’inceste. Le plus surprenant, presque, quand on connait son pedigree en matière de BD humoristico-porno, c'est que cette fois, le premier ministre ne baise pas sa fille. Vous noterez qu'on a extrêmement peu souvent l'occasion de pouvoir écrire une phrase pareille. Néanmoins, un climax extravagant et scato, vers le milieu du bouquin, ne manquera pas de faire causer dans les chaumières. Vives s’amuse ainsi avec les sujets sensibles en prenant garde de juste frôler la ligne rouge. Une subtile gradation dans la maturité, qui permet de ne pas se renier.
