L'histoire :
Une jeune femme romantique regarde les canards sauvages s’envoler et les papillons virevolter dans l’air. C’est le printemps. Elle rêverait d’être un papillon. Elle s’en va donc en ville pour trouver de quoi se transformer. Dans une boutique tenue par une vieille et moche sorcière, elle achète une potion rose appelée « Fly like a butterfly ». C’est très cher et un peu odorant, mais c’est pile ce qu’elle voulait. De retour chez elle, elle s’enfile l’intégralité du flacon. Elle s’attend à ce que des ailes lui poussent dans le dos… Mais non. A la place, à son grand étonnement, ce sont les grandes lèvres de sa vulve qui se déploient violemment, en lui déchirant le pantalon. Ces lèvres deviennent des ailes qui l’emmènent aussitôt virevolter dans l’air ambiant, avec la tête en bas et les bras pendants, entre les HLM. Ce papillon géant sort de ville et pénètre dans la campagne, où se trouvent des champs de fleurs. Ces fleurs sont en fait des petits hommes, avec de longs pistils prêts à se déployer. Quand le papillon passe, tous les pistils du champ se mettent en érection et la jeune femme batifole à son grand bonheur avec tout plein de fleurs… tout comme plein de papillon femelle autour d’elle. Des giclées de pollen s’envolent alentour et sont attrapées par ses congénères…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors oui, quand on y réfléchit bien, les papillons qui butinent le pistil des fleurs pour en recueillir le pollen, ce n’est pas qu’une métaphore de la reproduction (sexuelle). L’autrice Coco – oui, celle qui a survécu aux attentats contre Charlie – profite d’une carte blanche au sein de la collection BD Cul pour coucher sur le papier plusieurs délires sexuels particulièrement débridés. A partir d’un désir, d’un excitation première, elle est capable d’aller loin, très très loin, autour du sujet de la libido sans contrainte, de l’envie soudaine d’un rapport pervers, ou d’une partouze romantique ou fantasyste… Tout cela se fait majoritairement sans dialogue, à travers des séquences très évocatrices et imagées, selon des angles osés sur des positions extrêmes. Il y a des chances que quelques substances prohibées soient à l’origine d’idées de développement particulièrement saugrenues, limite gores. Comme cette historiette sur les gens excités par la morve, et qui en font un usage que nous tairons ici ; ou la vulve lasso (quel concept !) ; ou cette femme qu’on croit enceinte, mais qui a un cul géant à la place du ventre… ce qui permet d’imaginer des positions ultimes, surtout en groupe. Le trait de dessin est épais – façon Charlie – et cela se conforme bien à cette « poésie du cul » très particulière, que seule des autrices comme Coco sont capables de déployer sans mettre en panique les brigades des (bonnes) mœurs.