L'histoire :
Une femme d’âge mûr attend que ses hôtes arrivent pour que débute une soirée friponne entre gens courtois. En quelque sorte, une partouze bourgeoise, dans un chalet isolé par-delà le crépuscule de l’hiver. Bien habillés, les invités arrivent, trinquent et discutent des marchés, de finance internationale, de géopolitique. Ils commencent à se caresser, sans dévier pour autant de leurs sujets sérieux de fond. Ça baise un peu partout dans le salon cossu. L’hôte des lieux attend impatiemment que « G » arrive. Elle le désire de toute son âme, des tréfonds de son corps. La partouze bat son plein, minuit passe et hélas, G ne vient pas. Ailleurs, ou plus tard, des coursiers représentant diverses mouvances politiques ou syndicales sonnent chez des gens avec la fausse démarche bidon du plombier dans les films pornos des années 70…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis ses débuts dans la BD, Leo Quievreux s'est toujours distingué par son approche novatrice du médium bande dessinée... Une approche pour ainsi dire indé/underground... pour ne pas dire hermétique. La carte blanche proposée par le Monte en l'air pour sa BD Cul est un parfait reflet de cette démarche. Dans ce 36ème opus de la collection, le délire n'est ici pas du tout drôle, ni intéressant, ni compréhensible. C’est précisément tout le contraire d’une histoire explicite, voire même d’une démarche partageable. Ça commence en pleine soirée mondaine de la haute bourgeoisie, et ça parle haute finance internationale, géopolitique ou manipulations d’espionnage. Si le titre fait une référence explicite à l’affaire du Watergate, il n’y a pas vraiment d’intrigue, le registre d’espionnage s’arrête juste à cela. Les personnages ont des « machins » d’art contemporain à la place de la tête ou de parties de leurs corps. En contrepied avec le discours, ils baisent de manière explicite, dans les zones de pages laissées aux dessins réalistes. A priori, il y a plusieurs histoires… mais rien n’est moins sûr, étant donné leurs caractères décousus intrinsèques. On croise tantôt Poutine et Loukachenko. Puis un commando guerrier. Puis une case chez les apaches. Des formes bizarres partout, comme quand on appuie très fort avec ses doigts sur ses paupières fermées. Une fellation. Une bimbo devant une voiture. Une éjaculation. Des nonnes dans une chambre d’hôtel. Une paire de fesses. Des maquettes d’avion de la seconde guerre. Une paire de seins. Ça n’a ni queue ni tête. Correction : il y a un peu plus de queues que de têtes, précisément. Voilà l’ouvrage le plus hermétique de la collection et peut-être tous les temps. Mais pourquoi ?