L'histoire :
En l’an -30 000, Jan-Jâk, fils de Jan-Piher, s’adresse au soleil : « Après mille angoisses, je me suis enfin rendu aux mystères du monde. Robuste est ma confiance, et je veux croire qu’il est proche, l’instant où se dévoilera le secret de la grande inclinaison ». Jan-Jâk habite avec sa tribu au pied du mont Priape, un volcan a priori endormi. Sur les parois de sa grotte familiale, se trouvent les récits dessinés de chasses homériques, auxquelles a participé son grand-père. Fasciné par la puissance évocatrice de ces images, Jan-Jâk essaie depuis tout petit d’en créer du même tonneau. Mais hélas, tous ses essais avec des morceaux de charbon se limitent à des dessins de… gigots ou de jambons. Jan-Jâk n’arrive pas à reproduire des animaux entiers, vivants et en action. Son père tente d’en faire un vrai chasseur, convaincu que capturer la chair de la bête est toujours plus utile que d’en capturer l’essence. Mais c’est plus fort que lui, Jan-Jâk persiste dans son instinct de devenir artiste. Or même quand il dessine des copines, ces dernières ressemblent à des gigots. Et elles se vexent. Jusqu’au jour où Jan-Jâk observe un bel éphèbe nu, qui se douche sous une cascade… Et soudainement, se révèle à lui le mystère de « la grande inclinaison »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire de la collection BD Cul, réalisée par Pochep, prend l’allure d’une farce LGBT qui revisite et parodie la jeunesse de Rahan. C’est parfaitement couillon et donc idéalement raccord avec le principe de la collection. Ici, un jeune homme aux cheveux de feu, qui se destine à une carrière d’artiste, recherche le mystère de « la grande inclinaison ». On comprend vite que l’inclinaison dont il s’agit, est l’érection de son pénis, qui ne se produit que lorsqu’elle est stimulée par la vue de beaux éphèbes nus (et de leur gros zizis). Hé oui, cette quête initiatique est celle de la découverte d’un penchant homosexuel et d’un coming-out au temps des Cro-Magnon. A travers un dessin humoristique délirant et bichromique qui s’affranchit des bordures de cases, Pocheb revisite l’enfance de Rahan et la transmission du collier de griffes par son père durant l’éjacula… l’éruption d’un volcan. Car la « pierre bleue » du titre n’est pas une pilule de Viagra®, mais un outil de dessin (comme le crayon bleue qu’utilisent les auteurs de BD). Et celui-ci agit comme un révélateur. Une autre lecture de ce petit album permet ainsi de faire une allégorie déviante du mythe de la caverne, à travers une révolution artistique. A l’instar de la découverte de la perspective sous la Renaissance, Jan-Jâk apprend (grâce à l’excitation) à dessiner autre chose que des gigots… et le monde s’en trouve bouleversé. Vive les pierres bleues, vive les homos, vive les gigots !