L'histoire :
Dans ce qui ressemble à une chambre d’hôtel sous combles, avec cheminée, un homme bedonnant en costume, chapeau melon et valise à la main, regarde une sorte d’insecte géant sur un lit sans draps, une bestiole à mi-chemin entre le tatou et le cloporte. Dans un hall de rez-de-chaussée, en bas d’un escalier, un poulpe flotte au milieu de la pièce. Devant une porte fermée, un homme en costume cravate et avec un scaphandre sur la tête descend un escalier en s’aidant de sa canne, suivi d’un poisson flottant. Dans une salle de bain, un autre individu en scaphandre prend un bain, tandis que passe tranquillement une méduse. Dans une chambre individuelle avec lavabo, un narval se repose sur le lit, tandis que par la fenêtre, on aperçoit passer un moustachu à chapeau melon. Deux poissons voguent dans un couloir, tandis qu’un homard gambade sur le plancher, qu’un gros morceau de corail se trouve en bas de l’escalier et qu’un homme à chapeau melon passe sa tête par l’entrebâillement d’une porte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hôtel Atlantide, c’est un peu comme si les Monty Python avaient croisé Jacques-Yves Cousteau et Ingmar Bergman à l’époque de Laurel et Hardy. Sauf que s'il y a bien l'austérité du troisième, il n’y a aucune dimension documentaire pédagogique du second, encore moins l’humour absurde des premiers, ni tarte-à-la-crème des quatrièmes. Dans ce recueil muet en noir et blanc, l’inconnu Serge Kliaving enchaîne les illustrations « oniriques », les « vues de l’esprit » fantaisistes, où l’on voit flotter entre deux eaux des espèces marines dans un décorum qui ressemble à l’intérieur d’un hôtel, ou une bête maison sans caractère précis. La vocation de ce bouquin carré à couverture souple semble résider dans cet entrechoc entre l’environnement d’un domicile et des bestioles sous-marines / des scaphandriers qui vivent là, tranquillement. Comme si l’auteur s’était amusé à reproduire l’intérieur d’un aquarium préalablement décoré avec les éléments d’un chez-soi. Ok, tout cela est bien gentil, mais pourquoi ? Outre la technique maîtrisée de la carte à gratter en noir et blanc, via laquelle sont vraisemblablement composées toutes ces images, outre la volonté ostensible de camper des vues incongrues aquatico-hospitalières, quel est le propos ? Quel est le récit ? A moins d’avoir ingurgité bien trop de Riesling avec son plateau de fruit de mer, impossible de saisir le minimum narratif qui fonde une œuvre de 9ème art.