L'histoire :
Le petit renard Huang Liu est un apprenti qui souhaite devenir sage. Il se retire dans une forêt pour méditer. Accroupi dans l’herbe et entouré par les arbres, le jeune élève recherche la communion avec la végétation. Plusieurs lunes et plusieurs saisons passent sans qu’il s’en aperçoive. Puis un jour, il sort de sa contemplation et sent quelque chose de changé en lui. Il en est sûr, il est touché par la grâce, il est devenu sage. Il prend ses jambes à son cou et sort de la forêt, traverse les cours d’eau remplis de carpes remontant la rivière, et les vallées avec des champs à perte de vue, combat les dragons et autres mythes et légendes se dressant devant lui, pour enfin regagner la civilisation nippone et la maison de son maître. Face à ce dernier, il lui raconte son périple et les mois de méditation, seul dans la forêt. Le maître le regarde longuement puis lui pose une question qui sera très certainement sa dernière leçon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La sagesse, un thème on ne peut plus vaste, a alimenté bien des sujets au bac de philo. Dans ce récit, le renard Huang Liu médite pendant des jours et des jours en isolement. Le mot « sage » est utilisé dans le langage commun pour inciter un enfant à rester tranquille. Les parents se rassurent en lançant cette phrase à qui veut bien l’entendre. « Soyez sages comme des images ». Evidemment, après quelques minutes, une autre expression avec un chat et des souris qui dansent se rappellent à leurs bon souvenir. « Sapientia », origine étymologique du mot sagesse, signifie « savoir » en latin. Autrement dit, la sagesse serait une certaine forme de savoir. Mais pas que. La sagesse est aussi considérée comme un juste milieu. Un équilibre entre le rationnel et l’irrationnel, une sorte de maîtrise des actions et réactions. Confucius le disait lui-même : « Pas trop d'isolement ; pas trop de relations ; le juste milieu, voilà la sagesse. » Nicolás Arispe insère dans le parcours de retour du petit renard beaucoup de symbolique japonaise, comme les animaux de l’horoscope, avec chacun une signification forte. La grue incarne la longévité ou encore le dragon symbolise le pouvoir. Chaque illustration dissimule un symbole qui permet une lecture à plusieurs niveaux de l’album, selon l’âge du lecteur. Au niveau du dessin, Arispe nous livre un album d’un très haut niveau graphique, dans la même ligne artistique que son précédent La mère et la mort / Le départ. Les illustrations en noir et blanc forcent le respect, tant les coups de traits sont nombreux et extrêmement fins. Un travail d’orfèvre qui sert de support à une fable philosophique grandement accessible.