L'histoire :
En juin 1190, lors de la troisième croisade, le maître du Saint Empire Romain Germanique, Frédéric Barberousse, accepte des byzantins de somptueux cadeaux pour qu’il épargne du massacre plusieurs de leurs villes. Parmi eux, un présent qu’il convoite plus que tout et qu’il s’empresse d’aller faire garder en lieu sûr dans un de ses châteaux alsaciens… Quelques siècles plus tard, en 1909, cet épisode de l’Histoire prend un tour nouveau auquel Sherlock Holmes est invité à participer. Le voilà en effet quittant sa retraite du Sussex et sa passion pour l’apiculture pour rejoindre sur le quai de Victoria Station son vieux complice, le Docteur Watson. Tous deux sont attendus par Mycroft, le frère de Sherlock, un membre éminent des services secrets britanniques. L’objet de la rencontre : une suspicion de la part des gouvernements anglais et français que Guillaume II (l’Empereur Germanique) prépare un mauvais coup. Ce dernier vient en effet de faire restaurer entièrement le Château du Haut-Koenigsbourg. Aussi, les autorités françaises et britanniques sont-elles convaincues qu’il s’agit d’une couverture qui cache la fabrication d’une arme secrète. Il est grand temps d’enquêter...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eloigné des circonvolutions policières depuis son ultime affrontement avec Moriarty et titillant l’apiculture dans le Sussex comme un bon vieux retraité, Sherlock Holmes reprend le collier. Au menu, une enquête mêlant espionnage (autour des « achoppements » germano-franco-anglais), reliques et religion (et donc Vatican…), Histoire, architecture et soupçons de meurtres. De quoi remettre en selle notre enquêteur de génie, faire vibrer sa fibre déductive à volonté et reformer ce savoureux tandem avec le Docteur Watson. Initiée par Jacques Fortier pour un roman éponyme, cette reprise d’activité policière s’offre ici au feu de l’adaptation au format BD par Roger Seiter et Giuseppe Manunta. Portée par une belle mise en couleur, la partie graphique soutient impeccablement l’atmosphère et le contexte de l’intrigue. Elle souffre cependant un peu de sa rigidité que l’utilisation d’une large palette de cadrages ne parvient pas à atténuer. D’autant que le scénario ne se montre guère convaincant au niveau de l’action, empruntant une trame ultra classique, pauvre d’originalité et quasi vide de surprises ou de rebondissements appétissants. Du coup, l’ensemble pourtant convenablement ficelé manque cruellement de saveurs : la force déductive d’Holmes a l’explosivité d’un pétard mouillé ; le déroulement de l’enquête est convenu (et vu ailleurs) ; la relation du tandem manque de piquant et le traitement des psychologies est proche de l’encéphalogramme plat. Seuls plusieurs clins d’œil au personnage (ses enquêtes précédentes, sa vie…) tel que nous le connaissons à travers la palette de productions qui ont construit sa légende, en relève un brin l’intérêt. Au final, l’album souffre de la comparaison avec l’œuvre originale tout autant qu’avec certains prolongements proposés ces dernières années en bande dessinée. Dommage pour qui aime ce personnage si singulier.