L'histoire :
Il est vrai que Juliette n’a pas un membre en moins, ou une chaise roulante. Et pourtant elle souffre d’un handicap. Elle commence à ressentir des douleurs fortes et inhabituelles vers l’âge de 15 ans. C’est quelques mois plus tard que le verdict tombe : elle est atteinte de la maladie de Crohn. En bref, son ventre ne tourne pas rond et elle souffre. Ainsi commence l'enchaînement des rendez-vous médicaux, les différents traitements et les allers-retours à l’hôpital. Juliette raconte son quotidien, ses journées entre normalité et maladie. Elle décrit des situations insoupçonnées quand on n'y est pas confronté. Sa maladie est chronique, elle peut la laisser quelques jours en paix et récidiver sournoisement. Mais quoi qu’il en soit Juliette le sait, elle est irréversible. Elle ne peut pas vivre de façon ordinaire et sa maladie à des conséquences sociales. Elle se sent parfois incomprise, voire jugée. Les gens pensent qu’elle ne veut pas travailler, par exemple. Heureusement, ses amies sont toujours là. Et puis il y a Marlito, son compagnon à 4 pattes à l’affection inconditionnelle. Depuis l’annonce, ses parents et sa sœur sont d’un grand soutien auprès d’elle. Un jour, tout bascule et c’est le point de non retour : elle est opérée en urgence, sa survie en dépend. On lui fait une iléostomie, une intervention qui consiste à retirer le bout d’intestin malade. Mais voilà, au réveil, elle a une poche greffée à l’abdomen, la fameuse « stomie ». Il va falloir l’accepter et apprendre à vivre avec. Et si c’était le seul moyen de ne plus souffrir et de recouvrer sa liberté ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Juliette Mercier est professeur d’arts appliqués et illustratrice. Elle souffre de la maladie de Crohn depuis l’adolescence et nous livre ici une autobiographie poignante sur le sujet. Son opération salvatrice l'a incité à créer une page Instagram, sur laquelle elle est devenue @stomiebusy. C’est donc tout naturellement qu’elle publie Ma Crohn de vie aux éditions Leduc. Elle y explique ce qu’est Crohn et raconte avec humour et dérision sa vie, qu’elle dédramatise au maximum. A l’instar d'un journal intime, elle parle sans filtre. Son dessin est coloré, dynamique et très expressif. Elle évoque aussi le regard des autres, parfois difficile. Les remarques blessantes et l’insensibilité face à un « bobo » invisible. Comment justifier que l’on souffre quand rien ne se voit ? Elle témoigne de l’enfermement social et de la solitude, quand la vie de tous les jours se transforme en angoisse permanente, parce qu’il faut gérer la maladie, qui ne prévient pas quand elle sévit. Elle écrit avec résilience. Le lecteur comprend mais ne s’apitoie jamais. Son compte instagram et sa BD visent à faire connaître la maladie de Crohn dont on parle peu, mais également à aider les malades à l'accepter et se battre. Juliette Mercier met les mots sur les maux de façon instructive, drôle, sensible et émouvante.
