L'histoire :
Un historique permet de mieux comprendre le corps de la femme et la vision du « sexe féminin » à travers les temps. Le constat est aussi surprenant qu’alarmant, parce que certaines choses n’ont pas changé. Le corps médical (et pas que) considère encore les femmes comme le sexe faible. Chose absurde au fond, puisque les femmes donnent la vie depuis la nuit des temps et dans le genre « résistance à la douleur » elles ont largement fait leurs preuves. Rachel raconte sa propre histoire. Elle dénonce un manque de respect et d’empathie du corps médical. Elle dénonce ces soignants peu diplomates qui annoncent une endométriose sans ménagement, ou encore se moquent ouvertement parce qu’au moment de l’introduction du « bec de canard froid » on serre les jambes et on se crispe. On peut même être face à des réflexions misogynes et peu acceptables. Trop de sexisme et de différence de prise en charge de la douleur et des soins physiques et psychologiques forcément inadaptés, selon que l’on soit un homme ou une femme. Ce qui est encore plus navrant, c’est d’être confronté à des violences gynécologiques engendrées par des femmes. C’est l’incompréhension totale. Les réseaux sociaux ont parfois du bon, concernant certains sujets lancés. Ils libèrent la parole et c’est l’affluence de témoignages. Les médias aujourd’hui ont un fort pouvoir et permettent de faire (enfin) avancer les choses et faire progresser (on l’espère) les mentalités. Rachel explique comment comprendre que ce que l’on a subi n’est pas la norme, qu’un simple examen ne doit pas se passer dans l’angoisse et le traumatisme et surtout qu’il faut oser parler et dire « non », stop à la maltraitance. Car après tout, notre corps nous appartient.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rachel Lev a un parcours d’autrice atypique. Après Journal intime d’une névrosée ordinaire, elle nous présente ce deuxième album édité par Leduc Graphic. Nouveau venu sur la scène BD, cet éditeur revendique et publie des récits engagés sur des sujets sociétaux actuels, qui font parler. La préface est signée par Ghada Hatem-Gantzer, gynécologue et fondatrice de la maison des femmes de Saint-Denis. A la vue du titre et de l’illustration de couverture, il n'y a aucune ambiguïté possible sur le sujet abordé. Elle nous livre une autobiographie plus qu’intime avec des dessins très explicites et sans filtre, pour un sujet sensible. Son graphisme est à la fois drôle et adroit. Elle mêle différents styles comme l’aquarelle et la photo. Ses propos sont parfois cash (dans les dialogues) que nuancés quand il s’agit de la narration. Le découpage en chapitres donne un axe de lecture et un repère. La lecture est très instructive, le fruit de nombreuses recherches. Elle rappelle le récent roman graphique d’Aude Mermilliod , Le chœur des femmes, qui met en lumière le roman de Martin Winckler. Cet ouvrage accuse, dénonce et fait du bien… Il y a trop de tabous, de sexisme et de non-dits autour du « sexe féminin » dans toute son intégrité. Et non les femmes ne sont pas « faibles » et elles le prouvent au quotidien. Alors « Lâchez-nous l’utérus ! »