L'histoire :
En 1922, la grippe espagnole emporte la fille unique de Suzanne Noël, médecin pionnière dans la chirurgie réparatrice et esthétique. Suzanne est profondément affligée, mais son mari André, médecin lui aussi, ne parvient pas du tout à surmonter sa peine. Il abuse de l’alcool, survit replié sur lui même et sombre dans la folie. Il finit par se jeter dans la Seine depuis un pont, sous les yeux impuissants de Suzanne et de nombreux badauds. Étant donné la notoriété de cette médecin, ce suicide ne passe pas inaperçu dans les médias. Avec une incroyable dignité, Suzanne poursuit néanmoins sa vocation en continuant d’opérer de nombreuses « gueules cassées » de la grande guerre. Lors d’une soirée privée, elle est aussi approchée par un anglais, Stuart Morrow, du Rotary Club. Il lui propose de créer en France un club « soroptimist », c’est à dire un club de femmes volontaires et actives, pour unir leurs forces et faire reconnaître leurs droits, notamment le droit de vote. Suzanne est séduite par l’idée. Les jours suivants, elle contacte par courrier quelques femmes influentes et puissantes, issues de différents domaines, pour leur donner rendez-vous chez elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’écrivaine Leïla Slimani et le dessinateur Clément Oubrerie poursuivent et concluent leur biographie légèrement romancée de Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie esthétique et leader du féminisme dans la première moitié du XXème siècle. Le récit reprend à la mort de la fille unique de Suzanne, en 1922, pour s’achever 32 ans plus tard par sa propre mort. Entre temps, elle assiste au suicide de son mari, elle fonde le club soroptimist (pour « sorores ad optimum » soit « sœurs pour le meilleur »), passe une thèse en médecine, promeut le rôle social de la chirurgie esthétique (notamment les prothèses mammaires), puis elle voyage énormément pour développer des clubs féministes dans les autres pays d’Europe… mais aussi pour étendre son savoir en matière de chirurgie jusqu’au Japon, en Chine et aux USA. Des problèmes de vue mettent fin à sa carrière médicale, alors que débute la seconde guerre mondiale. Après guerre, elle effacera encore des tatouages de déportés de retour des camps. Voilà une vie diablement bien remplie, à la double pointe de progrès sociaux et médicaux. Malgré quelques petits arrangements, la biographie de cette personnalité tombée trop vite dans l’oubli est précise, documentée et relativement factuelle. Quant à Clément Oubrerie, il livre en revanche peut-être son œuvre la plus aboutie, du moins sur le plan de la retranscription historique. La patine sépia et sombre, le grain du trait légèrement pâteux (et dedoublonné par moment) s’inscrivent fort bien dans l’époque cernée.