L'histoire :
Le 7 octobre 2023, l’horreur frappe une nouvelle fois au Proche-Orient. Attaque terroriste, meurtres, enlèvements et viols de civils, riposte militaire qui se poursuite en bombardement de civils, violence aveugle à tous les étages et bêtise aveugle partout sur les réseaux sociaux où tout un chacun est sommé de se positionner d’un côté ou de l’autre, sans nuance. Ça n’arrange pas Salomé et Deloupy qui, justement, travaillent depuis deux ans sur une bande dessinée où les clichés sont mis à mal. Une enquête sur les relations au sexe et à l’amour des habitants d’Israël, de la Palestine et des territoires occupés. Ça commence par Lana, arabe de 34 ans qui vit à Tel Aviv. Sa meilleure amie, juive, l’inscrit sur une site de rencontres. Blonde aux yeux bleus, elle rencontre un juif avec qui elle explore sa sexualité. Un coup de fil de Lana à Salomé, quelques temps plus tard, convainc la journaliste de faire une série d’interviews sur l’amour et la sexualité. Elle commence avec un couple de Tel Habib, Tsahi, un acteur juif et Lucy, une journaliste musulmane…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lana, arabe sans religion de Jaffa, explore sa sexualité avec un juif et finit par se marier avec un palestinien, après avoir caché cette relation pendant cinq ans. Lucy et Tsahi, croyants et ouverts, sont des stars et leur relation a été extrêmement médiatisée. Leur fils choisira sa religion. La docteure Simha, juive orthodoxe de Jérusalem, conseille les couples sur le sexe, pose des stérilets, fait des inséminations, le tout en collaboration avec les rabbins. Avi de Jerusalem raconte l’ignorance et la misère sexuelle des juifs ultra orthodoxes. Mohamed, musulman homosexuel, raconte le danger de mort permanent qui pesait sur lui et sa famille à Gaza… Salomé Parent-Rachdi livre une quinzaine de portraits de couples ou de personnes seule vivant dans cette zone de misères et de guerre. Tant bien que mal, ils vivent leur vie. Le pari de la journaliste est de montrer qu’au-delà de la guerre perpétuelle, des atrocités, il y a des êtres humains qui doivent faire avec. Qu’ils soient croyants ou non, pratiquants ou non, palestiniens ou israéliens, de culture juive ou musulmane, leurs destins se croisent, ils aiment. Ils s’aiment parfois, malgré les difficultés. Et c’est beau, et c’est rassurant, et c’est une telle bouffée d’espoir pour le lecteur et le monde entier ! En allant au plus proche des gens, Parent-Rachdi va à l’essentiel et nous rappelle qu’au-delà des chiffres quotidiens, au-delà de la guerre, il y a des êtres humains qui aiment et essaient de vivre ; que la vie est infiniment plus complexe que les réseaux sociaux veulent nous le faire croire ; qu’on ne peut pas résumer la vie à un match « boucher » d’Israélien et pauvre Palestinien ou terroriste musulman et pauvre juif. Il y a au Proche-Orient des croyants qui respectent les autres religions. Il y en a qui n’ont pas de religion, tous veulent vivre et aimer. Les dessins de Deloupy sont beaux et ils sont aussi apaisants que les textes de sa collègue. Ses aquarelles, surtout, sont magnifiques. Si vous êtes dépressifs après les JO, que vous avez besoin d’intelligence et d’espoir, foncez sur cet album qui fait du bien.