L'histoire :
Le premier jour, Dieu créa le ciel et la terre… Etc. On connait la suite, jusqu’au 7ème jour où après avoir créé le monde et son humanité, il se reposa. D’après le Talmud, il aurait ajouté « Pourvu que celui-ci tienne ». Ha oui, parce qu’il y aurait eu précédemment 26 tentatives foireuses. Mais alors du coup, toutes les espèces animales biscornues, ça serait, comme qui dirait, fait exprès ? Dieu et Charles Darwin, deux éminents barbus, évoquent tour à tour différentes bestioles pour essayer de comprendre comment tout cela a pu débarquer sur Terre. Ils débutent par l’anchiornis, c’est-à-dire cette espèce de dinosaure emplumé pour lequel des paléontologues ont trouvé le fossile il y a une quinzaine d’années en Chine. Une bestiole à plumes, certes, mais qui ne volait pas. Dans ce cas, à quoi lui servaient ses plumes sans doute pleines de couleurs, monsieur Darwin ? Peut-être lui servaient-elles à séduire ? Donc à se reproduire. Pourquoi pas. Et l’élan d’Irlande, avec ses bois démesurément larges, sait-on pourquoi il a subitement disparu il y a 11 000 ans ? Et les drongos brillants, des volatiles futés du désert du Kalahari, y a-t-il une explication à leurs comportements imprévisibles ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bon, alors, faisons le point. Dieu nous a t-il créés, à partir d’un morceau de terre glaise qui trainait par-là ? Ou bien, comme l’a théorisé Darwin, l’homme descend-il du singe ? Pierre Krohl, caricaturiste et humoriste belge, propose de débattre de tout cela, en faisant discuter entre eux les deux barbus au sujet de 15 espèces disparues ou pas, mais aux particularités spéciales, suscitant le débat. A chaque fois, une fiche naturaliste, 2-3 planches de BD humoristiques pour introduire le sujet (en noir et blanc + une teinte bichromie en aplats) et 4 pages de réflexions étayées par les recherches scientifiques et mises en pages en colonnes, tels des articles de journaux. Krohl soliloque avec talent et évoque ainsi de manière caustique les particularités étonnantes de : la logique des plumes de certains dinosaures, l’extinction d’un élan en Irlande, le comportement d’oiseaux intelligents, le fondement des crottes carrées des wombats, l’apparence improbable du bernard-l’ermite, l’apparition tardive du chien domestique, le paradoxe du paon, les bonds imprudents de la gazelle à l’approche du lion, la couleur sexualisée des colibris, la capacité de la moule à créer des leurres, le processus de reproduction déconcertant des crapets, la subtile stratégie de propagation par hôtes successifs de la toxoplasmose, le faux profil querelleur du merle noir, la survie de la plante carnivore nepenthes elongata grâce aux crottes de chauve-souris, le désordre métabolique de l’ornithorynque qui le rend unique parmi toutes les espèces, les pièges incroyables tendues par certaines araignées pour attraper des insectes. C’est intéressant, mais à lire à petites doses (190 pages).