L'histoire :
En octobre 1984, Christine Villemin fait la cuisine, tandis que son mari Jean-Marie pose le lambris extérieur de leur chalet des Vosges. Leur fiston Grégory, alors âgé de 4 ans, joue dehors avec son chapeau de cow-boy sur la tête. Il aimerait aider son papa, « Nounours » comme il l’appelle… Mais Jean-Marie préfèrerait éviter que son fils se blesse avec le marteau ou un morceau de lambris. Le 16 octobre en fin de journée, Christine va chercher Grégory chez la nounou à 17h. Toute la famille est de retour au chalet. Jean-Marie doit s’absenter et Christine s’affaire donc sur son repassage en retard à l’intérieur de la maison. Elle laisse Grégory jouer avec ses petites voitures sur le tas de sable à l’extérieur. Elle lui met son bonnet à rayures sur le crâne parce qu’il y a un peu de vent. 20 minutes plus tard, elle appelle Grégory pour qu’il rentre, mais l’enfant n’est plus là. Elle pense qu’il joue à cache-cache avec elle. Elle le cherche autour de la maison, puis elle va jusqu’au village à quelques centaines de mètres, avec sa R5, en pensant qu’il a peut-être désobéi pour aller voir le veau de M. Méline. Mais Grégory reste introuvable. Elle retourne chez elle, cette fois très inquiète. Le téléphone sonne, c’est la mère de Christine Villemin. Le « corbeau » leur a passé un énième coup de fil anonyme qui annonçait l’enlèvement de l’enfant. On connait la suite.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« L’affaire Grégory », dont nous commémorons en octobre 2024 les 40 ans, est sans doute le fait divers sordide le plus célèbre de notre époque contemporaine. Les raisons de ce « succès » ? L’assassinat immonde et toujours irrésolu d’un enfant de 4 ans, sans doute par un membre de la famille ; une enquête menée avec les pieds, idiotement à charge, contre la mère Christine Villemin ; une débauche obscène de journalistes qui orientent et déboussolent le fonctionnement normal de la justice ; les interventions écrites et anonymes d’un corbeau qui se repaie de ce crime sordide ; et surtout, la vengeance de Jean-Marie Villemin, qui exécute dans les semaines qui suivent son beau-frère Bernard Laroche, d’un coup de fusil. C’est le procès pour meurtre de ce dernier, qui s’est tenu en 1993, qui jouera le rôle de fil rouge dans la retranscription de cette histoire par Pat Perna. Le scénariste s’est totalement appuyé sur la documentation et la coopération de Jean-Marie Villemin, qui tient logiquement le premier rôle sous les crayons de Christophe Gaultier – et qui signe d’ailleurs la vibrante préface. Le procès de Jean-Marie Villemin permet d’évoquer tous les faits, précis et dans l’ordre, avec tous les flashbacks nécessaires, in loco et in situ. Evidemment, la narration n’est jamais voyeur ni indigne. Elle consiste la plupart du temps à montrer, au sein du tribunal d’assise de Dijon, les magistrats et les avocats qui interrogent, et Jean-Marie qui répond. Mais elle vous happera tout de même inexorablement, par la détresse absolue des parents Villemin, par l’incompétence et l’inconséquence du juge Lambert, par le savoir-faire des auteurs pour marier gravité et humanité, et par le mystère qui perdure, malgré toutes les présomptions.
