L'histoire :
Il y a environ 15 000 ans, à la fin du paléolithique, une tribu du Moyen Orient fait la découverte de la fermentation. Sans doute des fruits tombés dans une grande flaque ont produit de la mousse, que les homo-sapiens ont goûté. Quelques plantes sauvage dans de l’eau de pluie, un bon feu par-dessous, une douce sensation d’ivresse qui en résulte et la bière est née. Or ce phénomène se produit en plusieurs endroits du monde, jusqu’alors plutôt cloisonnés : chez les mayas, en Chine, en Haute Egypte… Les hominidés voient là une manière de fabrique une soupe de céréales, surtout avec de l’orge qui pousse assez naturellement, du pain liquide en quelque sorte. Au néolithique et notamment sous l’ère babylonienne, la bière devient un aliment de base, mais aussi une protomonnaie (troc), un moyen de se sociabiliser, de s’enivrer pour communiquer avec l’au-delà. On sait que l’écriture apparait chez les sumériens… et bien une des plus anciennes tablettes d’argile retrouvée avec une écriture cunéiforme a été retrouvée en Iraq (-1700 ans avant JC) et elle retranscrit une recette de bière !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En préface, le narrateur Benoist Simmat n’hésite pas à faire dans l’emphase : « La bière est une invention à comparer aux bifaces ou à la domestication du cheval : elle a permis à l'humanité de faire un bond en avant. » Et voilà, c’est malin, on a aussitôt envie de se tirer une pinte bien fraîche, afin de participer à cette belle révolution, toujours en marche. Car aujourd’hui, en France, il se crée encore en moyenne deux à trois brasseries artisanales chaque semaine. Et l’humanité en boit 200 milliards de litres chaque année ! Encore mieux : le pharaon à l’époque de l’édification de la grande pyramide d’Egypte, payait ses ouvriers en bières. Voilà donc ce doux breuvage à l’origine du plus grand mystère de l’humanité ! Reprenez donc une pinte. Simmat termine ici sa trilogie des Incroyables histoires, après le vin et la gastronomie. A la suite d’une narratrice en salopette bleue prénommée Stella (haha !), le procédé méticuleusement pédagogique adopte globalement la classique linéarité chronologique. Et les développements sont sacrément documentés et intéressants. On apprend qu’à l’origine, la bière était une manière d’avoir du pain liquide (il s’agit d’une soupe de céréales) et que cette invention est universelle : elle a été simultanée à plusieurs cultures, sur divers continent. Reprenez donc une pinte. On apprend l’affinage de ses recettes, qu’il fut artisanal ou scientifique (les gaulois furent précurseurs), au gré des époques et des besoins (pourquoi l’IPA s’appelle-t-elle IPA !), son industrialisation, ses anecdotes, ses aléas (le vin la supplante durant la longue période gallo-romaine)… Lucas Landais illustre le tout se manière stylisé, en un ensemble régulier et cohérent. Reprenez donc une pinte.