L'histoire :
Il y a 3,8 milliards d’années, la vie apparaît dans les océans. Ce sont des bactéries unicellulaires. Puis des cyanobactéries (algues bleues) développent la capacité de faire de l’oxygène grâce à la photosynthèse. L’évolution de la vie terrestre s’accélère alors. Les premiers organismes animaux sont des vers, des méduses. Il y a 400 millions d’années, les poissons se diversifient. Certains développent des nageoires articulées, des ébauches de pattes. Il sont prêts à quitter le monde marin. Des reptiles peuplent progressivement les terres émergées, réunies en un continent unique, la pangée, et des insectes géants essaiment dans le ciel. Les premiers dinosaures apparaissent (-245 millions d’années), puis les oiseaux (-200 millions d’années), puis enfin les mammifères à sang chaud (-180 millions d’années). L’homme appartient à cette grande famille, qui développe une structure génétique, physiologique et neuronale commune. L’homme partage par exemple 70% de son patrimoine génétique avec l’étoile de mer… et jusque 98,8% avec le chimpanzé. C’est ensuite, il y a 35 millions d’années, qu’un groupe de primates se distingue des autres. Des yeux vers l’avant, un plus gros cerveau, un os frontal unique… Ils vivent en groupe social et disposent d’un pouce opposable qui s’avère un fabuleux outil pour tout un tas de pratiques. Enfin, il y a 7 millions d’années, à l’Est du rift africain, deux lignées de ces grands singes se séparent : les hommes et les chimpanzés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que la sixième grande extinction des espèces est en cours, cette histoire de la vie animale s’avère sans doute primordiale, pour bien comprendre l’enjeu du moment. La variété des espèces et le nombre des sujets au sein de chaque espèce sauvage sont en drastique réduction… tandis que l’homme s’interroge de plus en plus sur son « éthique » vis à vis des animaux et sur l’impact environnemental de l’alimentation carnivore. Karine-Lou Matignon, spécialiste de la relation entre l’homme et l’animal, propose donc cette rétrospective d’une grande richesse sur l’évolution de nos rapports avec les animaux… tout en rappelant en premier lieu que l’homme est lui aussi un animal. L’autrice suit un développement à la fois thématique et chronologique. Après être inévitablement revenu sur l’apparition de la vie, elle aborde la domestication et l’esclavagisme animal, à travers les époques : comment l’animal a t-il accompagné l’homme dans son processus de modernité, au fil des siècles et des révolutions sociales ? Quid de la symbolique animale dans les différentes cultures ? De l’élevage industriel ? De l’utilisation des animaux bêta-testeurs (médicaux, spatiaux, sur les fronts de guerres…) ? Jusqu’à la question cruciale du paradigme actuel (à bout de souffle) de la souffrance animale, de la nécessité de penser radicalement autrement notre rapport aux animaux. Outre les « droits » qui leur sont dus, les animaux ont encore beaucoup à nous apprendre, tant que le plan de la communication avec eux que sur les astuces techniques que leur métabolismes ont développées au terme de millions d’années d’évolution (ex : comment font les individus au sein des bancs de poissons pour ne jamais s’entrechoquer ?) Les encadrés explicatifs pullulent évidemment. C’est très dense et très complet. Pour faire passer la pilule un tantinet doctorale, le dessinateur Olivier Martin nous gratifie d’un dessin en couleurs directes de toute beauté. Son bestiaire est incroyablement varié et d’une grande justesse réaliste, en adéquation avec le tour exhaustif proposé par la scénariste. Surtout, les vannes dans les bulles et les réactions des multiples « protagonistes » (de tous poils, plumes et écailles) ajoutent beaucoup d’humour.