L'histoire :
En 1348, Baldus et Alixe se font passer pour le baron et la baronne de Sauzet, auprès d’un moine du palais des Papes d’Avignon, afin que ce dernier leur donne l’accès à la bibliothèque interdite. Le couple squatte en effet le château provençal de la baronnie de Sauzet depuis plusieurs semaines et ils ont vu dans les lettres de noblesse abandonnées de cette lignée, le moyen le plus facile de corrompre un moine. Une nuit entière, Baldus et Alixe compulsent ainsi des dizaines et des dizaines d’ouvrage, à la lueur de leurs bougies, en quête des écrits de Calustre, un moine qui a prophétisé l’apocalypse. Une fois trouvé leur Graal, ils s’enfuient avec le grimoire, mais leur usurpation d’identité est désormais éventée. Ils décident donc de changer de région, direction le Comté d’Auvergne. Cependant, ils ignorent que l’opiniâtre Roland et ses hommes sont toujours à leurs trousses. C’est à travers les rigueurs hivernales de 1349 qu’ils arrivent en vue de l’abbaye de Notre-Dame-des-Roches. A l’entrée, seul Baldus a le droit de pénétrer. Après des mois de réclusion, en raison de la peste, les moines se méfient des visiteurs et interdisent carrément l’entrée de leur monastère aux femmes ! Baldus montre alors son talisman en forme de labyrinthe au père qui régit le lieu. L’ecclésiastique est interloqué… et presque choqué à l’évocation de « Calustre ». Baldus est en possession du quatrième sceau. Le frère l’attire alors au fond d’un souterrain, dans une grotte où il l’enferme pendant plusieurs semaines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « grande peste » est à peine évoquée dans le second volet de cette série qui lui est pourtant consacrée. En effet, les différentes séquences BD nous donnent à suivre le périple de plus en plus vain et démentiel d’un couple de jeunes gens, qui trimbalent une relique mythique : le quatrième sceau de Calustre, un talisman sur lequel se trouve un labyrinthe gravé. Pourquoi ? A quelles fins mystiques ? En quoi un labyrinthe est-il lié à la Peste ? Nous ne le saurons jamais vraiment, étant données les embûches qu’ils doivent surmonter… ou pas. Ils sont traqués par de méchants soldats, dont un caricatural fait une question d’honneur que de les rattraper. La BD n’est ainsi qu’un long road-trip classique et infernal, vers la mort et la folie, avec un Baldus qui s’enferme de plus en plus dans une violence démente, cédant parfois à des séquences de berserker (guerrier-fauve, chez les vikings). Pour autant, ce Da Vinci Code moyenâgeux est très agréablement dessinée par Eric Stalner, qui renoue quelque peu avec un décorum médiéval et des ambiances crépusculaires qu’il a largement éprouvés à travers son Roman de Malemort. Les racines des arbres et leurs feuillages sont romantiques à souhait, ainsi que les chevelures des personnages… L’intérêt premier de ce diptyque se trouve presque à l’entrée de chaque nouveau chapitre : l’album fait alors des pauses didactiques sur des cartographies très instructives quant au contexte de l’époque. Tantôt, c’est un état des religions en vigueur en Europe, tantôt la progression de la grande peste entre 1346 et 1352, tantôt le résultat « politique » de la guerre de 100 ans sur la France, à deux périodes différentes.