L'histoire :
Septembre 2003. Marc Launay, capitaine à la SRPJ de Lyon, retrouve une ancienne stagiaire, Priscille Mer, sur les lieux d’un accident de moto dans le centre-ville. Après avoir loupé son virage, le motard a violemment percuté une voiture. Il est embarqué dans le coma par le SAMU, vers les soins neurologiques de l’hôpital le plus proche. Marc et Priscille fouillent un peu ses papiers et trouvent sa carte d’identité – il s’appelle Paul Grieux – et une photo de ce qui semble être sa petite amie, et qui a la moitié de son âge. La routine pousse Marc à aller à l’adresse de ce Paul Grieux. Or personne de ce nom n’habite à l’adresse de la carte d'identité… hormis la petite copine en question, une certaine Madeleine Castinel. La porte de son appartement est ouverte, mais le logement est vide. En bon flic qui suspecte quelque chose de louche, Marc se permet de jeter un œil… Il trouve étrange l’odeur de javel un peu partout et l’odeur de merde sur les draps. Il repart en laissant un mot sur la porte, demandant à ce que la jeune femme le contacte. Dans les jours qui suivent, cette banale enquête va considérablement se complexifier pour Marc et Priscille. Madeleine restera introuvable, tandis que Paul Grieux va sortir du coma lors de phases de transe violentes, tenant des propos incompréhensibles, tantôt en latin et tantôt en prononçant les mots à l’envers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le fond, la teneur de ce polar, qui vire progressivement au thriller satanique, est alléchante. Tout comme le flash forward du début, qui appâte clairement en plaçant les protagonistes policiers en fâcheuse posture… avant de revenir sur les nombreuses et progressives étapes de l’affaire, à partir d’un simple accident de moto. On suit ici un couple classique de policiers – un homme, une femme – dans l’enquête qu’ils mènent au sein de la SRPJ de Lyon, une enquête minutieuse et plausible au début… et qui fraye de plus en plus avec le fantastique à mesure qu’on découvre la personnalité néfaste et le passif trouble du personnage de Paul Grieux. Le mystérieux scénariste DOA (pour « Dead On Arrival »… tout un programme) adapte son propre roman paru en 2004, qui connut son petit succès. Les amateurs d’horreur retrouveront assurément des inspirations venues des récits de magie noire, de L’exorciste, du Silence des agneaux… bien que la Ligne de sang possède sa propre ambiance de malaise, sa propre intrigue retorse. Néanmoins, le job de scénariste de BD est différent de celui de romancier. Cette adaptation en 100 pages (tout rond) aurait sans doute mérité quelque distance avec le texte original, un traitement des dialogues, des coups de fils et des narratifs plus adapté au rythme séquentiel d’une BD. En bref, il y a des longueurs et un manque de limpidité dans certaines séquences. Le dessin de Stéphane Douay se conforme néanmoins aux ambiances glauques de circonstance. Sa griffe semi-réaliste se décline ici de manière plus rough que d’ordinaire, avec une exception fortement encrée pour la fameuse séquence finale, qui revient par bribes en flash forward.