L'histoire :
Kilian est allongé nu dans une salle d’abattoir, une femme avec une tête de vache s’avance vers lui avec sa tronçonneuse manuelle. Elle expulse l’enfant qui est en elle et coupe le cordon ombilical avec sa machine. Effrayé, Kilian se réveille en sursaut. Sa compagne Karine est enceinte. Elle le réconforte et lui demande de se faire aider : il n’y arrivera pas tout seul... Quatre plus tard, un petit garçon accompagné de son grand-père court dans les bois et découvre un chemin ensanglanté. La direction départementale de la protection des populations vient faire des prélèvements pour savoir qui a bien pu faire cette vidange sauvage de sang et de déchets organiques. Aux abattoirs Gourdin, deux jeunes intérimaires (l'un d'entre eux se prénomme Yannick Cluzet) viennent de se faire embaucher. On les équipe de gants en cotte de mailles et de manche en Kevlar, pour éviter que les dérapages ne sectionnent un doigt, sans oublier les gants en caoutchouc. Ils sont fin prêts pour le défilé ! Ah oui, il ne fait pas oublier la touche finale : les bouchons d’oreille pour ne pas entendre le bruit de la tronçonneuse à viande...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les commandos anti-spécistes attaquent des boucheries. L'association L214 filme les maltraitances animales dans les abattoirs. Aymeric Caron a lancé Komodo.tv une chaîne dédiée à l'anti-spécisme. Que l'on soit vegan, viandard ou flexitarien, la cause animale ne laisse personne indifférente et une prise de conscience du bien-être de nos amies les bêtes gagne tous les esprits. Dernièrement, L'arche de Néo, prochainement, Le château des animaux... et aujourd'hui La Tuerie. Cet album plante le décor (précédé d'un poème de circonstances de Guillaume Meurice, amuseur de France Inter) dans un abattoir où on suit l'arrivée d'un jeune intérimaire, ancien taulard, en voie de réinsertion. Peu à peu, on comprend les raisons qui l'ont poussé à intégrer ce lieu où l'on pratique la découpe de carcasse à la mini-tronçonneuse. Entre les mots cinglants de Laurent Galandon et le trait sur le vif de Nicolas Otéro, on se laisse happer par un récit qui défend son bifteck. On bascule crescendo dans l'horreur, avec la couleur rouge venant tâcher le gris, noir et blanc des planches. Le dénouement digne d'OK Corral laisse une trace invitant à se poser des questions sur cette histoire dont on ne sort pas indemne.