L'histoire :
En 1717, une rumeur bruisse dans Paris, en raison d’une affiche pamphlétaire placardée sur les murs de la capitale, écornant Philippe d’Orléans (régent jusqu’à la majorité de Louis XV). Lorsque le monarque par intérim en prend connaissance, il trouve effectivement l’affaire fâcheuse. Or un certain François-Marie Arouet, jeune écrivain et libre penseur, ne tarit point de persiflages envers les retards de la société française. Le trublion est dénoncé comme étant l’auteur du pamphlet, par celui qu’il croit être son ami, Beauregard, en réalité indicateur de la police. Arouet est embastillé durant une année pleine, un laps de temps perdu qui lui permettra de se choisir un pseudonyme à partir d’une anagramme de son nom : Voltaire. Lorsqu’il est libéré, Voltaire décide de se ranger dans l’écriture d’une œuvre de théâtre tragique. Il veut devenir le nouveau Racine et nourrit de grandes ambitions pour son inspiration du moment : Œdipe. En novembre 1718, la pièce est jouée et malgré les angoisses et les bévues de son auteur, elle obtient son petit succès. Tandis que Voltaire n’avait d’yeux que pour son actrice principale, le voilà mandé auprès de la puissante et gracieuse Maréchale de Villars. Il sera dès lors invité dans les soirées mondaines, où il brillera par son esprit et son talent pour la réplique improvisée qui fait mouche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clément Oubrerie a été intrigué par l’« esprit de Voltaire », que les médias et les leaders d’opinion se plaisent aujourd’hui à convoquer pour contrebalancer notre actualité nauséeuse (terrorisme, populisme, menaces d’obscurantisme…). Mais qu’en est-il véritablement de cet « esprit » surgi au XVIIIème siècle chez le célèbre écrivain et philosophe, et qui constituerait l’ADN de la société moderne française, sa laïcité, sa liberté d’expression et son rapport au monde ? En auteur complet, porté par cette magnifique intention, et élevant à un haut niveau d’exigence ses moyens artistiques, Oubrerie s’est penché sur la chronologie de vie, le tempérament authentique et l’œuvre écrite de cette figure essentielle de notre Histoire, auteur des célèbres Zadig, Candide, Micromégas, et des moins connus Œdipe, la Henriade… Sans oublier sa correspondance nombreuse et riche d’enseignements qui imprègne l’ouvrage de bons mots et de conceptions sociales novatrices bouillonnantes. Menée chronologiquement à la manière d’une biographie partielle, l’intention est également prometteuse : la série est envisagée en 4 tomes, pour couvrir 20 ans de la vie du champion de la tolérance. Comme l’indique le titre, cette synthèse romancée de haute volée est placée sous le prisme des élans amoureux du philosophe. Les actrices, duchesses et business angels féminines qu’il convertit en amantes agissent comme autant de muses amenant à l’avènement d’une magnifique idéologie. Ce premier tome de 88 planches s’offre ainsi dense, vaste et documenté, palpitant et truculent, néanmoins à la portée du grand-public, emmené par un verbe élégant, rythmé par des frasques amusantes, des idées subversives et des contradictions méconnues. L’étude est aussi volontaire, bienveillante et truculente, que l’était a priori le tempérament de l’homme. On pourrait presque croire l’album réalisé au XVIIIème par Voltaire lui-même – si seulement le 9ème art avait pu être inventé à l’époque…
