L'histoire :
A Dumbria, en 1901, Marcela attend son mariage avec le cousin de son amie partie pour la Havane, Elisa, que la voisine n’aime pas beaucoup. Mario, le cousin, écrit des lettres enflammées à Marcela, qui les lit à Euxenia, la vieille voisine. Elle imagine la silhouette et la peau de Mario, mais… En 1884 à La Corogne, Marcela entame son cursus à l’école normale. Elle fait la connaissance d’Elisa, qui a fini son cursus et travaille au couvent, avec qui elle s’entend tout de suite. Les jeunes femmes passent du temps ensemble, sont proches, s’aiment et sont séparées par les parents de Marcela. Elles se retrouvent et deviennent amantes quelques années plus tard. Elles vivent leur amour dans une chambre à La Corogne. A Dumbria, les jeunes hommes essaient de les séduire, mais leur indépendance et leur liberté d’esprit suscitent la colère et la violence. Elisa décide de partir, pour devenir Mario…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’homosexualité est depuis longtemps difficile à vivre dans des sociétés majoritairement hétérosexuelles. Elle l’est un peu moins aujourd’hui, même si la peur de la différence, la bêtise et la religion s’entremêlent souvent pour produire des réactions épidermiques. Aujourd’hui, le mariage pour tous ne souffre plus de réelles contestations, alors qu'il n'a pas dix ans. Souvenons-nous que le délit d’homosexualité n’a été aboli qu’en 1982 en France, en 1986 en Espagne qui autorise le mariage pour tous en 2005. On imagine bien la difficulté pour deux jeunes femmes au début du XXème siècle de vivre leur amour. Xulia Vicente livre un témoignage poignant, où le bonheur et la légèreté de l’amour d’Elisa et Marcela tranche avec la violence des réactions des puritains. Le lecteur souffre avec les jeunes femmes, même si le choix de présenter un récit à tiroirs rend la lecture compliquée. Les flashbacks s’enchainent dans un récit relativement court. On a du mal à s’y retrouver. L’histoire et le travail de recherche sont approfondis, mais le récit pas toujours maîtrisé. Les dessins sont beaux et les couleurs magnifiques. Vicente a choisi une bichromie changeante qui donne beaucoup de poésie et de charme à son ouvrage. Le séquençage est d’une belle efficacité et les cases s’enchaînent, se cassent et se reconstruisent avec bonheur. Cette BD enrichit avec bonheur cette décidément passionnante édition des Aventuriers de l’étrange…