L'histoire :
Ce simplet de Barnabé a encore dérobé une laitue dans le champ de Gustave, aux alentours d’un petit village. Le garnement s’enfuit à travers les ruelles, avec son balluchon sur l’épaule, se faisant passablement remarquer auprès des habitants qui commencent à en avoir assez. Attablés devant un apéro au troquet local, le maire et le curé décident d’une mesure radicale : supprimer sa mère, la sorcière Flavia, en la passant par le bûcher. De retour dans la cahute, Barnabé donne son sac à Flavia. Il est remplit d’escargots, que la sorcière dépiaute aussitôt pour les besoins d’une potion. Soudain, dans l’explosion d’une marmite, apparait Audrey, une petite voisine avec laquelle joue souvent Barnabé. Ensemble, ils s’amusent la plupart du temps à une sorte de cache-cache en forêt, avec les yeux bandés. C’est ainsi que Barnabé se retrouve face à Julia – a priori sa mère naturelle ? Julia lui tend une sacoche remplie d’argent et de bricoles, que l’adolescent remet à Flavia. La nuit tombe et le village s’endort. Le lendemain, Julia s’est levée tôt pour aller chasser. Mais tandis qu’elle avance dans les fourrés, son pied bute contre quelque chose : le cadavre de Barnabé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que voilà une histoire étrange… Un conte contemporain, mais surtout hors du temps, à mi-chemin entre la tragédie rurale glauque et l’ésotérisme sans fond. Il est en effet question d’un village isolée et de ses habitants haineux, d’une sorcière malintentionnée, d’un enfant illégitime, renié mais protégé, d’hommes-loups obéissant à des forces obscures, d’un simplet assassiné… mais qui ressuscite… à moins qu’on n’ait pas tout pigé. D’ailleurs si quelqu’un a compris le fin fond de cette histoire, nous l’invitons à nous suppléer en commentaire. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la narration de cet album réalisé à quatre mains par Nuria Tamarit et Xulia Vicente ne permet guère de mettre en cohérence tout ce qui s’y trame. Même la tonalité générale de l’histoire est floue : la bonhomie des personnages les rend attachants, mais leurs intentions sont souvent détestables. La plupart du temps, nous nous situons dans la métaphore, la symbolique… mais dès lors que le narrateur devient lui-même un personnage, on perd définitivement tout repère. Le dessin monochrome est cependant intéressant, sans son dynamisme et son encrage stylisé. Il finit par s’affranchir des bordures de cases sur les 35 dernières pages (la partie noire de l’album : on la repère sur la tranche), dans un délire visuel incompréhensible. Plutôt joli, mais franchement hermétique, en somme…