L'histoire :
M. Harryhausen marche tête baissée avec obstination. Des créatures fantomatiques le suivent et le harcèlent. De sa canne au pommeau « magique », il leur assène des coups, jusqu'à déclencher le mécanisme du pommeau. Tout revient alors à la normale. Le voilà dans une bibliothèque où l'on n'apprécie guère le chahut. Il se retrouve nez-à-nez avec Mme Sanders-Whitby accompagnée de sbires indiens. Elle est surprise de trouver entre ses mains Le Royaume des Ombres de Sanat Kumâra. Lorsqu'il rentre chez lui pour terminer ses expérimentations, le scientifique s'énerve. Quelle bécasse cette Mme Kowalski ! Il faut se concentrer sur le serviteur. Un peu de technique et le voilà grand et fort. Il n'est pas ordinaire puisqu'il a été créé de toute part avec une destinée. Ce grand gaillard doit gérer à la fois sa différence et son sombre avenir. Pas le temps de tomber dans l'apitoiement ou la colère. Il y a un boulot à faire car, ce soir, dans la grande halle industrielle du vieux Londres, vont être montrées au public les autres découvertes provenant de l'expédition tibétaine de l'archéologue Sanders-Whitby. Les représentants du culte d'Ashra seront bien là et cela n'annonce rien de bon. Le monde va-t-il disparaître ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome d'Homunculus est sorti en 2020. Ce second volume s'est donc fait attendre 3 années... Dans l'Angleterre victorienne de la fin XIXème, l'industrie se déploie, les usines font désormais partie du décor. Le lecteur ira même au cœur d'un de ces imposants systèmes. Par contre, en lieu et place du traditionnel smog, c'est un monde invisible, occulte, effrayant, riche et terrible qui nous enveloppera. Celui-ci n'est pas sans évoquer celui de Lovecraft. Qui aurait cru que le technosolutionnisme était aussi au service du paranormal ? Or un simple souci de voltage et tout explose. Science sans conscience n'est que ruine de l'âme, l'écrivait Rabelais. Heureusement, ici tout finit bien, sous la plume du scénariste Benni Bodker. Rappelons que le terme « homunculus » correspond à une entité humaine créée par des alchimistes (un golem, en quelque sorte). Il est la clé de l'intrigue, mais pas forcément comme on l'imaginait. On peut être surpris par le lot de rebondissements. Même agréable surprise du côté du graphisme de Rune Ryberg. Les nuances de noirs progressivement disparaissent au profit de plus de netteté, de couleurs contrastées . L'artiste danois rend le mysticisme et les produits hallucinogènes flamboyants. On en prend plein la rétine et c'est très plaisant. D'autant plus que l'univers sombre et triste cède la place à l'humour et à l'absurde. Une fin comme on les aime, avec de l'audace et de la folie douce.