L'histoire :
Situé au milieu d’un grand lac, le manoir d’Harrowby Hall parait flotter à sa surface. Or son problème est qu’il est hanté. En effet, chaque soir de Noël à minuit, une gigantesque créature d’eau fantomatique surgit d’une flaque et épouvante pendant 1 heure le locataire de la meilleure chambre. Les hôtes qui l’occupent se retrouvent alors trempés, terrorisés et rendus à moitié fous par ce qu’ils ont vécu. Or si cette chambre vient à être inoccupée, le fantôme vient hanter le propriétaire pendant 1 heure, où qu’il se trouve à travers le monde. C’est ce qui arrive au propriétaire actuel, Sir Oglethorpe, qui croyait être débarrassé de ce problème en condamnant la porte de la chambre le soir de Noël. Mais au douzième coup de minuit, la créature d’eau lui apparait dans son salon et goutte sur lui en l’effrayant. Cependant, Oglethorpe garde plutôt son calme et il tente comprendre cette malédiction et de négocier avec le fantôme. Ce dernier lui raconte alors la raison de la mauvaise fortune qui l’oblige année après année, à revenir hanter cet endroit. Jadis, elle était la fillette du noble qui a construit ce manoir. Mais son père lui avait imposé des couleurs rose et jaune à sa chambre alors qu’elle voulait du bleu et du gris. Entêtée et dotée d’un fichu caractère, elle s’était alors rebellée en se jetant dans le lac par la fenêtre de sa chambre… et elle s’était ainsi sottement noyée !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement paru en petit format pour le public des lecteurs allemands (en 2018), ce Fantôme de l’eau d’Harrowby Hall appartient au genre restreint du « conte d’épouvante de Noël »… un registre ouvert en 1843 par Charles Dickens avec son fameux Chant de Noël (les mésaventures de Scroodge face à ses fantômes). D’ailleurs la trame première est celle de John Kendricks Bangs et de son The water ghost of Harrowby Hall : a victorian Christmas spirit story (1884). L’épouvante est certes très légère, afin de pouvoir s’adresser aux jeunes lecteurs. Ici, un fantôme de femme raconte au propriétaire d’un manoir sa malédiction : elle est condamnée pour l’éternité à hanter ce lieu en raison de la manière dont elle est morte. Rusé et peu couard, le propriétaire imagine donc un stratagème (un peu fumeux… mais bon, on est dans un conte !) pour régler le problème. Sans prétention, cette histoire entièrement réalisée par Barbara Yelin s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale des Aventuriers de l’étrange. L’autrice allemande utilise un crayonné charbonneux, proche du rough appuyé, qui se complète d’une teinte unique de bleu au lavis – bien humide évidemment – pour tout ce qui concerne l’eau (fantôme, flaques, lac). Brrr… soyez mouillés, simples mortels !
