L'histoire :
En février 1910, Paris connait une inondation sans précédent. Aux abords des quais de la Seine, une foule s’est amassée, car des éclusiers sont en train de repêcher…six corps ! Le soir même, le médecin légiste en charge de l’étude de ces cadavres convoque Charles Hippolyte-Constant, spécialiste des rites funéraires de la Haute Egypte. Celui-ci se pointe à l’institut médico-légal en compagnie de son ami journaliste Victor Billetdoux. En effet, non seulement les cadavres portent tous le même accoutrement : trench-coat, lunettes rondes, chapeau melon, épaisse écharpe. Mais aussi, ces cadavres portent sur eux différents objets liés à l’Egypte : une tête de Toth (dieu de la mort) piquée dans le cœur de l’un et des livres « Le masque d’Osiris » dans les poches de chaque trench-coat. Charles et Victor sont évidemment intrigués. Or à peine sont-ils repartis, qu’un groupe d’hommes avec chapeau-lunette-écharpe-trench-coat pénètre par effraction dans l’institut médico-légal, assomment le médecin légiste et emportent les corps. Ils ignorent qu’à la sortie, Charles et Victor sont restés à espionner, suspectant que quelque chose allait se passer. Les deux compères reconnaissent le professeur Astrol. Ils se séparent pour suivre chacun de leur côté les deux groupes de voitures qui partent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un registre de polar fantasmagorique assez similaire aux Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec de Tardi, Pierre Wininger publiait entre 1978 et 1982 les aventures de Victor Billetdoux. Aujourd’hui, les Aventuriers de l’étrange rééditent les trois uniques albums de cette série, parfaitement en phase avec leur ligne éditoriale. C’est-à-dire qu’on retrouve ici l’Etrange avec un E majuscule, comme Esotérique, Extraordinaire, Effarant, Egypte, Enigmatique et aussi (heu…) hErmétique. C’est bien simple, Wininger a réuni tous les ingrédients d’un mystère alliant l’égyptologie et le paranormal, dans le Paris inondé de 1910. Certes, sauf que tout cela part un peu dans tous les sens, sans emprunter foncièrement une direction cohérente, ni palpitante… On ne saisit pas trop l’objectif de l’intrigue, qui se termine comme un cheveu dans la. Le personnage de Victor Billetdoux lui-même brille par sa transparence. Nous nous sommes amusés à compter ses répliques, composées pour plus de la moitié de phylactères en « pensées » : tout compris, il n’y en a que 29, ce qui est un nombre très faible (moins de 5%) pour celui qui compose le titre de la série. Mais surtout, on ne comprend pas la finalité de cette vaste conspiration égyptologique et paranormale totalement Excentrique, Extravagante et rocambolesque. C’est d’ailleurs peut-être ce manque de fond et de propos qui a poussé Wininger à arrêter la série en plein milieu d’une affaire inaboutie. Il faut donc se (re)plonger dans ces aventures uniquement pour le plaisir du dessin de Wininger et de ses ambiances de mystère, admirablement recolorisées par Anna J.Benczédi et préfacées par Jean Léturgie.