L'histoire :
Dans le dédale d’une grande ville en friche, un jeune skateur solitaire ride au-dessus des carcasses de voitures et sur les rampes d’escaliers. Soudain, au détour d’un coin de rue, il s’emplafonne sur un énorme ankylosaure qui faisait la sieste ! Si le jeune est sonné, le dinosaure est réveillé. En pivotant sur le côté pour comprendre la cause de son réveil, l’ankylosaure marche sur le skate du jeune et donc se rétame par terre. Cette fois, la grosse bébête est super énervée. Ça se remarque à sa queue que le monstre antédiluvien remue comme un fou dans tous les sens. L’énorme « masse d’arme » qui se situe au bout engendre des ravages monstrueux, perce des murs et provoque l’effondrement d’immeubles. Puis, d’un vif mouvement de balancier latéral, la queue tente de pulvériser le jeune. Le skateur est agile et il esquive chaque attaque, tout en fuyant sur son skate, poursuivi par l’ankylosaure. De loin, deux potes du skateur observent la scène et agissent très vite pour aider leur ami. Ils lancent un bâton de dynamite au pied d’une grue située sur une hauteur. La grue ploie et se couche en travers d’un immense trou au milieu de la chaussée en contrebas. Le jeune skateur n’a plus qu’à s’élancer et faire un « grind » le long de la colonne de grue pour se mettre à l’abri de son poursuivant de l’autre côté du trou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a une ville en ruine, totalement ravagée par une apocalypse dont l’humanité peinera à tout jamais à se remettre. Il y a des jeunes à têtes de chats, que ce contexte ne perturbe pas plus que ça : ils font du skate, du side-car, du VTT, du « kite », du scooter nautique, utilisant les débris de notre civilisation comme autant d’agrées sur lesquels s’appuyer. Enfin, il y a des dinosaures, des vrais, des gros, des méchants. Sans doute sont-ils arrivés avec l’apocalypse (l’ont-ils générée ?). Qu’importe, l’association de ces trois éléments fonde pleinement l’intention de cet album 100% muet et 200% ultra-dynamique, rehaussé de deux teintes ultimes en aplats et en bichromie : vert fluo et rose fluo. Rune Ryberg met en scène sept séquences où les jeunes utilisent à chaque fois un moyen de locomotion différent et se confrontent à chaque fois, avec plus ou moins de succès, à un dinosaure en général agressif. Dans l’ordre : ankylosaurus, brachosaurus, triceratops, pterodactylus, tyranosaurus rex, vélociraptor, tylosaurus. Ce faisant, l’auteur danois gratte assurément la corde sensible des ados urbains avides de sensations de glisse avec leurs engins roulants ou glissants. Et aussi des ados qui n’ont pas tout à fait oublié qu’ils étaient auparavant des enfants effrayés par Jurassic park. Voire encore des futurs adultes adeptes de survivalisme décomplexé en milieu urbain. Les plus (extra)lucides auront peut-être une lecture au second degré permettant de déceler un propos sur l’appartenance et l’acceptation de soi grâce au groupe. Mouais…